Jean-Jacques Goldman :
"J'ai appris à aimer la scène"

Interview avant le concert à La palestre - 03 Mai 1998


(retranscription de Stéphane Degaillande)

Devant quatre mille fans, réunis hier soir au Cannet-Rocheville, le chanteur a distillé ses "tubes". Une heure auparavant, il nous confiait ses états d'âme et ses relations avec le succès.

Dans sa loge, pull rouge et jean noir, sourire aux lèvres, Jean-Jacques Goldman semble parfaitement à son aise. Dans moins d'une heure, le chanteur doit pourtant monter sur la scène de La Palestre, au Cannet-Rocheville. Quatre mille personnes l'y attendent de pied ferme, en trépignant devant les barrières ou en s'impatientant dans les tribunes.

Il prend malgré tout le temps de nous recevoir et de répondre à nos questions. En seigneur. Sans chercher à tricher ou à se dérober, ce n'est pas son genre. Il joue la carte de la franchise. Sans fausse modestie.

Nice-Matin : Au début des années quatre-vingt, vous disiez que monter sur scène était une épreuve. Vous y prenez aujourd'hui un plaisir évident. A quoi tient cette évolution ?

Jean-Jacques Goldman : "Au fait que les gens qui viennent me voir, désormais, ne sont plus là pour me juger. Ils savent qui je suis, ce que je fais et ont logiquement un a priori favorable. J'ai horreur de devoir convaincre. J'ai besoin de me sentir en confiance. C'est comme cela que j'ai appris à aimer la scène."

N.-M. : Certains fans vont être déçus de ne pas vous entendre chanter des classiques comme "Américain". Comment choisissez-vous les titres que vous interprétez lors de vos concerts ?

J.J.G. : "Chaque tournée s'articule autour des titres de mon dernier album. Je choisis des chansons qui peuvent se fondre dans l'ambiance que je veux créer. Et aussi, j'évite certains titres que j'ai l'impression d'avoir chanté trop souvent. Je fais surtout en sorte que le spectacle soit cohérent."

N.-M. : Votre dernier opus, En passant, paraît plus désabusé que les précédents...

J.J.G. : "Ah bon, vous trouvez ? Je n'ai pas vraiment ce sentiment. Disons que je suis sans doute plus lucide. Mais je ne me sens pas plus triste, ni plus désillusionné. (Il sourit) Plus âgé, tout simplement...."

N.-M. : A vos débuts, vous estimiez qu'après avoir écrit une trentaine de chansons, un compositeur était condamné à se répéter. Est-ce toujours votre avis ?

J.J.G. : "Absolument ! Je suis conscient que les thèmes que j'aborde se retrouvent désormais d'un disque à l'autre. C'est pour cela que j'écris pour d'autres chanteurs, pour renouveler mon inspiration."

N.-M. : Dans ce cas, le chanteur "Jean-Jacques" n'est-il pas jaloux lorsque le compositeur "Goldman" offre un tube à un autre interprète ?

J.J.G. : (Il éclate de rire) " Ah non, vraiment, pas du tout ! D'abord parce que je ne suis pas jaloux de nature. Et puis, je fais du sur-mesures : je ne me vois pas endosser des vêtements taillés pour un autre... "

N.-M. : Tout ce que vous touchez se transforme en or. Comment l'expliquez-vous ?

J.J.G. : "Je trouve cela assez normal. (il hésite) Comprenez-moi bien : s'il y a une chose que je pense savoir faire, ce sont des chansons. Je ne trouve donc pas extraordinaire que le public apprécie un titre qui, objectivement, tient bien la route."

N.-M. : Est-il facile de garder les pieds sur terre lorsqu'on se trouve en haut de l'affiche depuis 17 ans ?

J.J.G. : "Vous savez, je n'ai été connu qu'à l'âge de 32 ans. J'étais déjà marié, j'avais déjà une vie derrière moi. Ce sont des choses qui vous empêchent de perdre la tête !"

Propos recueillis par Lionel PAOLI

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