Interview
de JJG par Laurent Boyer (octobre 97) - promotion de l'album "En
passant"
(retranscription : Kristell Cottais)
LB : Jean-Jacques, l'Album "En passant", évidemment, dont on entend beaucoup le premier extrait "Sache que", ce qui nous fait bien plaisir d'ailleurs, et puis le retour de Jean-Jacques Goldman au devant de la scène, en solo. Première question, parce que tu imagines que j'ai préparé le truc… JJG : J'm'en doutais, ouais. LB : Tu t'en doutes…Alors, est-ce que réussir dans ta vie, passait par ta réussite dans la vie, maintenant que tu as 45 ans, enfin 46 bientôt le 11 (octobre) ? JJG : Tu veux dire dans la vie professionnelle ? Mais c'est tellement…. Tu vois, je ne suis pas cordonnier, et encore, il y a sûrement des cordonniers pour qui le métier est… enfin, c'est un art. Mais quand tu es musicien, tu ne peux absolument pas enlever ça de ta vie. C'est une manière de vivre, c'est d'être musicien, on ne peut pas concevoir… c'est privé, presque. C'est comme si on vendait sa vie privée d'une certaine manière. LB : Ce qui doit te déranger, parce que tu la préserves. JJG : Non, non, non. Mais ce que je veux dire, c'est que c'est tellement personnel. J'ai travaillé pendant un moment où je faisais d'autres choses, soit j'étais étudiant, je travaillais dans un magasin de sport, ou j'ai lavé des voitures, ou tout ce que tu veux… mais j'étais toujours musicien. |
LB : Comme un loisir, comme une passion, ça faisait partie intégrante de toi. JJG : Mais absolument. On ne peut pas dissocier les deux. LB : Mais est-ce qu'en revanche, à un moment, réussir dans la vie, être Jean-Jacques Goldman vedette, star… tu te dis quelque part, c'est un acheminement, "Je l'ai fait" ? JJG : Oui, et puis ça rend plus sûr de soi, c'est sûr, ça apporte beaucoup. LB : Ca rend plus sûr de soi, et moi j'ai l'impression que tu as des doutes maintenant. S'il te reste des convictions, il reste quand même une espèce de doute hyperbolique cartésien qui existe, et qui est peut-être encore plus fort maintenant. JJG : Bah… je ne sais pas ce qui se passe après ! (rires) et je ne suis pas le seul, je fais des suppositions (rires). LB : Ah ? Tu ne sais pas ce qui se passe après ? Tu n'en es pas convaincu de ça ? JJG : Tu as des doutes, toi ? Tu as des certitudes ? LB : Moi, je n'ai pas de certitudes, je peux avoir des convictions, mais rarement des certitudes. Mais est-ce que toi tu as des certitudes ? JJG : Non, je ne sais pas ce qui se passe après. Donc, aujourd'hui sur Europe 1, on ne va pas apprendre ça. LB : Si je parlais de doute, c'est que quand on écoute le dernier album "En passant", comme ça histoire de… Tu as été entre gris clair et gris foncé, tu es passé par le Rouge, et on a l'impression que tu es tombé dans le noir. JJG : Non, pas trop. Je ne trouve pas, non. Non non, ça n'est jamais désespéré, ça n'est pas tout le temps très très très gai, mais il y a une chanson qui s'appelle "Bonne Idée" qui parle de la vie en particulier, qui dit très clairement que ça vaut le coup de se lever le matin. LB : Tu en es encore content ? JJG : Très très, ouais. |
LB : Je parlais de l'affection, le doute sur l'affectif et sur l'amour. JJG : Non, pas trop. Je sais qu'il y a de très très belles choses en affection. Non, non non… sur la durée peut-être, mais pas sur l'intensité, l'importance… LB : L'affection, l'amitié, existent pour toi, mais tu bannis le mot "toujours" de ton discours. JJG : Je ne sais pas, en tout cas, il n'y a pas de vie intéressante sans cet affectif, sans relation avec les autres. A mon avis, enfin… pour moi… LB : C'est indissociable, sinon ça ne vaut pas le coup d'être vécu... JJG : Oui, même s'il y a des choses qui te prennent, qui sont aussi intéressantes, faire de la musique…Tout ce qui fait qu'une vie est belle ou pas, c'est quand même les rapports aux autres. LB : Mmm… C'est l'entretien avec les autres. Je repense à une conversation qu'on a eue tous les deux dans le désert il y a deux ans, à Ouarzazate, où je t'avais posé une question. Je t'avais dit : "Est-ce que tu as dit un jour Je t'aime", et tu m'as répondu… JJG : J'ai dû réfléchir, enfin… je me suis posé la question, et c'est vrai que c'est une des questions qui ont fait ensuite qu'un jour j'ai fait "Sache que je", parce que d'autres personnes m'ont demandé pourquoi… Ca me paraissait louche de le dire, ça me paraissait bizarre, et j'ai voulu expliquer que ça n'était pas une question de fond, c'est à dire que je pensais tout à fait possible d'être amoureux, et je trouvais ça très bien. Mais le fait de dire "Je t'aime", je trouvais ça un peu gênant, et j'ai essayé de comprendre pourquoi. LB : Tu le dis dans "Sache que…" JJG : Oui, oui, je l'explique dans Sache que. LB : en revanche, tu ne le dis pas. Tu dis "Je t'aime", mais tu ne le dis toujours pas. C'est toujours "Sache que". Il va sortir un jour, ou pas ? JJG : Mais… Peu importe ! Maintenant, je dirais "Sache que je", et ils comprendront très bien (rires). LB : Jean-Jacques, je reviens à cette histoire de vie, c'est très très important. Une journée de Jean-Jacques Goldman, ça commence comment ? Aujourd'hui on est à Europe 1, est-ce que tu es venu à vélo ? JJG : Non, je suis venu en moto, on avait le droit encore aujourd'hui (je ne me souviens plus très bien, mais il me semble que lorsque l'interview a été enregistrée, il y avait des limitations de sorties de véhicules dans Paris à cause de la pollution…??). LB : Ca veut dire quoi "demain" ? Tu fais vélo, c'est ça ? JJG : Ben, il paraît oui… |
LB : Une journée de Jean-Jacques Goldman, c'est quoi ? C'est une journée consacrée à la musique ? JJG : Non non, pas toujours. Il y a des phases. C'est ça qui est très intéressant aussi quand on fait ce métier, c'est qu'il y a des phases où on fait de la musique presque 18 heures sur 24, des phases de composition, qui sont très solitaires. Après il y a des phases où on est avec 2 ou 3 musiciens, on passe beaucoup de temps ensemble… D'ailleurs, ces phases se succèdent, et de façon assez naturelle, on est content de passer à l'autre. Là, par exemple, je suis content de voir des gens, de faire ce que l'on appelle la promotion, parce que j'ai fait beaucoup de musique et j'en ai un peu marre. Là, je commence à travailler sur la prochaine tournée, et je vais être très content de partir en tournée, de voir des routes alors qu'on a été enfermé pendant si longtemps, de voir des gens, de ne plus faire de la musique de cuisine, de laboratoire, mais de la musique live devant les gens. LB : La musique vivante, ce pour quoi tu es fait, c'est ce que tu aimais à l'origine en 74 quand il y a eu Taï Phong, c'était ça en fait. JJG : Non, moi j'ai toujours préféré les cuisines que les routes, mais j'ai appris à aimer les routes. LB : Tu t'es forcé, au début, à monter sur scène ? JJG : Ah oui, beaucoup, oui… LB : Ca t'a rendu malade ? JJG : Oui, enfin… je prenais ce qu'il fallait pour ne pas l'être (rires des deux compères). LB : Il est stupéfiant comme garçon ! Enfin… je ne sais pas si on ira jusque là. Jean-Jacques, tu vis avec 3 enfants, dont l'un a 20 ans maintenant, c'est ça ? JJG : 21. Mais je ne vis plus avec. LB : Si demain, il te dit "Je veux faire Jean-Jacques Goldman demain dans la vie", tu le laisseras faire ? C'est important la liberté ? JJG : Alors ça, c'est une question qui me paraît surréaliste ! Comme si j'avais le moindre pouvoir sur ce qu'ils (ses trois enfants) veulent faire de leurs vies ! LB : Ils t'en parlent, forcément ! S'il y en a un qui est musicien, tu vois… JJG : Le cas ne se pose pas, et leurs vœux sont tout à fait… euh… enfin… il n'y en a aucun qui veut aller partager la vie des pygmées, ou des choses comme ça… En gros, ce problème ne se pose pas à moi. LB : Tu as été un père comme les autres ? Forcément différent ? Un père chanteur qui fait les routes, qui est très connu… Est-ce que ça a été sclérosant pour eux ? Est-ce qu'ils t'en ont parlé ? J'ai l'impression que tu dois être un grand frère pour ton fils par exemple ? JJG : (surpris) Non, pas du tout un grand frère, non, non… LB : Tu sais avoir cette notion de père, de conseil ? JJG : Je pense que tu es un père qui ressemble au père que tu as eu. Moi, j'ai eu un père très protecteur, très … assez…. pas autoritaire du tout, dans le sens… mais qui avait de l'autorité. Et j'ai l'impression d'essayer d'être le même. J'ai l'impression d'être à peu près le même. Non, je ne suis pas un copain. LB : Ton père avait des convictions. JJG : Euh … Oui… LB : Politiques, j'entends. JJG : (riant) On peut le dire… LB : Si, je te confirme…Ton père avait des convictions politiques. On a le sentiment que les tiennes, tu les as … euh… Je me demande si tu as encore des convictions politiques. JJG : Ben… On a des principes, on s'est rendu compte que la politique pouvait prendre des aises avec les principes. Il y a beaucoup de militants communistes des années 20, par exemple, qui ont été extrêmement idéalistes, et qui l'ont payé de leurs vies. Ils ont tout fait pour ça, et on se rend compte après que ça a été vraiment dévoyé. Donc il faut vraiment séparer les gens, et ensuite les appareils. Très souvent, il y a eu des trahisons. Mais, sur les principes, il n'y a rien à dire. Ce sont des gens qui, et lui (son père), qui voulaient l'égalité pour tout le monde, qui pensaient que les races n'étaient pas différentes. C'était pas très original…. LB : C'était naturel. JJG : Je crois ! Et puis il y a plein de gens encore qui ont ces souhaits-là, ne serait-ce que des républicains. Maintenant, les routes pour y arriver semblent un peu plus compliquées qu'avant. |
LB : Maintenant, toi tu es républicain, tu le revendiques ? JJG : Je trouve que c'est une jolie idée, de vouloir l'égalité pour tout le monde, une école qui fonctionne… Demandons que ça, déjà, ça serait pas mal. LB : Égalité, Fraternité… JJG : Et Liberté, il y a aussi ! LB : Ce sont les trois mots clé de Goldman. (Pause musicale : Quand tu danses, puis Pub. J'ai manqué le retour après la pub). JJG : (…) enfin, 45 ans. Maintenant, je prends un an tous les 365 jours à peu près. LB : Oui, c'est ça, ça arrive tout prochainement (l'anniversaire de JJ), c'est tout de suite, c'est le 11 octobre. Il va en prendre une de plus. JJG : Il est désagréable, aujourd'hui (rires de LB). LB : On parlait de Républicain, tout à l'heure. Tu l'as quand même chanté, "Rouge", l'ode aux idéaux collectifs de masse qui somme toute sont un peu perdus. C'est l'idéalisme de tout ça qui te plaisait… JJG : Non, c'est l'ode à ces gens, parce que je les connais bien, et je les trouvais magnifiques. C'étaient de très belles personnes. Des personnes trahies, mais des très belles personnes. LB : Et ils sont où, maintenant, ces gens-là ? JJG : Ils ont 70…80 ans. LB : Ils sont toujours communistes ? JJG : Pfff….Autour de moi, pas trop. Ils sont plutôt retraités… Ils sont plutôt grands-parents… ou même arrières grands-parents, ils ne pensent plus trop à ça… LB : Tu as fait une déclaration, disant que Mitterrand, c'était bien, mais t'avais jamais voté pour lui. JJG : Mais j'ai jamais dit que Mitterrand c'était bien ! Non, je n'ai pas fait de déclaration, qu'est-ce que tu racontes ? LB : C'était pas une déclaration, c'était une question qu'on t'avait posée. Que je t'avais posé, d'ailleurs, une fois aussi. JJG : C'est possible, oui… LB : Ce qui fait que tu restes toujours admiratif de Rocard… JJG : Oui oui, oui. J'étais plutôt de cette tendance là, je trouve que c'était un type très bien. Mais on parle de ça, là ? LB : Ben… why not ? c'est une information, et je trouve ça pas mal, puisque tu es républicain et que tu en parles. Je trouve plutôt bien de s'exprimer, c'est pas pour ça que tu es un chanteur engagé, là aussi tu as une vision de l'affaire. Ca veut dire quoi, un chanteur engagé ? JJG : C'est quelqu'un qui a des solutions, voilà… Moi, je dis rien, je ne donne pas de leçon aux gens, ils font ce qu'ils veulent. Je ne suis pas plus compétent sur ces plans-là que n'importe qui. Bon, quand on me pose des questions, je réponds, mais je ne fais pas des déclarations disant que pour sauver le monde, il faut aller dans ce sens là. J'ai pas la clé. LB : Et tu penses qu'ils l'ont, eux, ou ils ne l'ont pas forcément non plus ? JJG : Je pense qu'il y a des philosophes, quand même, qui éclairent…. Des gens que j'écoute, comme Finkelkraut, par exemple, qui m'éclairent sur beaucoup de choses. Quand il y a des problèmes qui se posent, ils ont des analyses que je trouve très intéressantes, et qui se basent sur une vraie compétence, sur une vraie connaissance de l'Histoire, sur une vraie réflexion. C'est pas le café du commerce, comme ce que je suis en train de dire. LB : Ah tu trouves que tu es café du commerce ? JJG : Un peu, enfin, comme tout le monde. On se pose des questions, on sait pas trop… LB : On bavarde… JJG : Voilà ouais. On s'appuie sur des sensations, plus que sur des vraies connaissances. |
LB : Il y a une espèce de fausse humilité quand même, chez Jean-Jacques Goldman. Parce que je regardais tous les pseudos que tu avais utilisés à des moments de ta vie pour signer. Pourquoi tu as pris tous ces pseudos ? Oats, O.Menor (qui veut dire Goldman)… ? JJG : Oats, c'était pas moi, c'était Marc Lavoine, parce que c'est la traduction… LB (interrompant JJ) : … de blé (Boyer s'est trompé, oats signifie avoine, évidemment). JJG : et O.Menor c'était moi, Oscar Menor, parce que ça fait "homme en or". C'est très malin. LB : et "Brewsky", pour Patricia Kaas ? JJG : Ca, j'ai pris au hasard, dans un dictionnaire. Je cherchais quelque chose… LB : Mais pourquoi au début tu ne voulais pas signer ? Parce qu'après, on l'a su, tu vois… Au moment où tu as écrit l'album "D'eux", de Céline Dion, Khaled… JJG : Mais vous l'avez su plus tard. Comme je vous connais, je sais que s'il y a, par exemple, un album de Patricia Kaas où il y a 15 chansons, et sur ces chansons il y a une chanson de moi, je sais que les médias qui sont fainéants de nature vont dire : "Ah ! C'est un album où il y a une chanson de Jean-Jacques Goldman". Donc ils ne vont pas écouter les autres chansons, etc. Donc, là j'avais signé avec un pseudo. Ils ont écouté tout l'album, et puis ils ont dit : "Il y a telle chanson qui va, celle-ci qui va pas". Tu vois, si tu fais un album et que tu as une chaussette rouge, tout le monde va dire : "Ah ! Bah tiens, il y a une chaussette rouge". C'est simple. LB : Alors maintenant, tu t'en fous. C'est à dire que quand tu signes pour d'autres, on le sait. JJG : Maintenant, je l'ai tellement fait, que ça n'est plus un événement. (JJ tousse). LB : Vas-y , tousse. Fais comme tu veux. Ca c'est la pollution, mon pote. Demain, tu rouleras à vélo, ça t'apprendra. Euh… Une chose m'a surprise également : les gens que tu admires sont des gens assez surprenants. Pas surprenant, d'ailleurs. Quand on dit "Qui admires-tu ?", tu ne parles pas de chanteurs ou des gens exceptionnels que tu aurais envie de rencontrer. Tu dis "j'aurai aimé rencontrer Anouar El-Sadat". JJG : Non, je dis juste après que je ne souhaitais pas les rencontrer, que ça ne servait à rien. Mais je trouvais que c'étaient des gens admirables, ouais. Des gens très courageux. |
LB : Et sur les gens que tu as rencontrés dans ce métier, d'autres artistes pour qui tu as écrit ? JJG : J'ai eu du plaisir à les rencontrer, sinon je n'aurais pas travaillé avec eux. C'étaient tous des gens qui m'intéressaient. LB : C'est à dire que tu n'écris pas forcément quand on te le demande. Il faut que tu aies envie, que tu sentes le personnage. JJG : Et puis que j'ai l'impression de pouvoir lui être utile. De pouvoir lui apporter quelque chose. Et pour pouvoir apporter quelque chose à quelqu'un, il faut avoir de la tendresse, il faut sentir une partie du personnage qui n'est pas révélée. LB : Ce qui s'est passé pour Céline Dion, ou pour d'autres. JJG : Avec Patricia, avec Khaled, ouais… LB : Tu m'as dit une fois (je sais pas si tu penses toujours la même chose)… On parlait tous les deux de Maurane, et tu m'as dit "Quelle chanteuse ! Quelle voix !". Tu n'as toujours pas écrit pour Maurane. JJG : Non, mais c'est vrai que c'est une très grande chanteuse. LB : Et quelques textes, ou quelques musiques de Jean-Jacques Goldman… ? JJG : Ca se fera peut-être un jour. Pour l'instant, ça c'est pas fait. Pour l'instant, je refais un album pour Céline. J'y prends beaucoup de plaisir. Mais elle (Maurane) a un univers musical plus jazz, qui est très particulier, et qui lui va très bien je trouve. Donc je ne suis pas sûr d'être celui qu'il lui faut pour ça. En tout cas, je confirme que c'est une des plus grandes chanteuses de langue française. LB : Maurane, si tu nous entends… Ca me rappelle quelque chose… J'ai lu une interview que tu as faite dans le Figaro. Ca date d'hier. Je te trouve assez étonnant, parce que tu dis : "Je paye 60 % d'impôts sur le revenu, plus tout le reste, ce qui me ravit. Plus je paie, et plus je suis content". C'est rare, d'entendre cela. Tu n'as pas ce sentiment ? JJG : J'en sais rien. Je trouve normal qu'il y ait des impôts. Ca ne me plairait pas de vivre au Brésil, d'avoir une magnifique villa avec des murs autour, et trois gardes du corps pour sortir. Je trouve que le fait de pouvoir me promener dans la rue, que mes enfants puissent prendre le métro tranquillement, qu'ils puissent aller dans une école où il y a tout le monde, ce sont des choses que l'ont doit payer. Et des choses qui n'ont pas de prix, en plus. LB : Et quand on gagne beaucoup d'argent, et qu'on a en plus ce privilège, il est bon aussi de partager avec les autres, et que c'est logique. JJG : Mais je trouve que c'est même pas du partage. Chacun doit payer sa part, ceux qui peuvent. A mon avis, il n'y a rien de plus important que cette vie ensemble. Le fait de pouvoir partager des choses. Si c'est pour vivre chacun avec son entité, chacun avec sa sécurité, son éducation, c'est peut-être très bien, mais c'est invivable pour moi. Ca n'a aucun intérêt. On en revient à la conversation du début, où je te disais que le plus intéressant, c'est quand même les relations avec les autres. LB : Ca tombe bien, parce que l'interview est finie. Comme quoi, on a bouclé la boucle. |