(Retranscription : Myriam Robert)
JJG : On pense un peu à tout simultanément, c’est-à-dire il faut que ce soit une équipe qui s’en occupe, on se voit puis on cherche des idées, que ce soit au niveau visuel ou au niveau musical, et en gros ça demande bien une petite année pour y penser et puis six mois à peu près pour réaliser vraiment, entre les répétitions, la fabrication du décor, etc. |
Myriam : Est-ce qu’on y pense déjà immédiatement après la première tournée ? JJG : Même pendant. Là, par exemple, on est déjà en train de penser à la prochaine parce qu’on … bon là tout est un peu rodé, tous les soirs on sait à peu près ce qu’on va faire. On change des petits trucs mais en gros, ça tient debout quoi. Alors on est déjà en train de penser à la prochaine. Myriam : Est-ce que tu vois déjà des différences entre cette tournée et celle de 84 ? Est-ce que tu l’abordes différemment, tu es plus sûr de toi ? JJG : Oui oui, je suis beaucoup plus à l’aise parce que… déjà à la fin de la dernière tournée j’étais plus à l’aise parce que les gens euh, je me suis rendu compte que le public était vraiment très réceptif et très bienveillant quoi, qu’il ne me voulait pas de mal et bon, maintenant je monte sur scène avec plus de plaisir. Myriam : C’est vrai que tu as l’air beaucoup plus à l’aise et le public aussi. On sent qu’il est différent quand même. JJG : Ben oui, quand on a passé un peu de temps ensemble, que ce soit eux ou que ce soit moi, on finit par se connaître un peu mieux. Myriam : Comment choisis-tu les morceaux que tu joues sur scène ? JJG : Ben, il y en a quelques uns qui sont plus ou moins obligatoires, c’est les morceaux qui ont marché et que les gens comprendraient pas que je ne chante pas. En plus, ça tombe bien parce que c’est en général des morceaux que j’aime bien et puis d’autres, il me semble, soit que j’ai pas chantés sur la dernière tournée ou sur lesquels on peut faire des disgressions, ce qui est un peu plus intéressant sur scène pour que ce soit différent du disque. |
Myriam : Qu’est-ce qui est le plus dur à travailler justement : la mise en scène, le décor ou l’introduction des chansons ? Là j’ai vu que c’est très recherché au début des chansons sur le plan musical. JJG : Ben, je crois que c’est…oui, le remaniement des chansons, les arrangements, rechercher les sons pour les synthés etc ; ça, ça demande beaucoup de travail d’ordre technique, de répétitions. Myriam : Que penses-tu du public parisien ? Après ton passage au Zénith l’année dernière, tu disais qu’il était un peu froid. Comment le vois-tu maintenant ? JJG : Ben, cette année il a ressemblé un peu plus à la province mais je crois qu’il y avait beaucoup de gens de province tous les soirs. Donc, les parisiens étaient probablement un peu perdus dans la masse et ils n’ont pas pu refroidir l’atmosphère. Myriam : Que penses-tu des critiques assez méchantes qui ont précédé ton passage au Zénith ? Parce que tu as l’air de t’en amuser et de provoquer un peu les journalistes en les mettant dans le programme mais est-ce que ça ne te blesse pas quelque part ? JJG : Non. Je connais le niveau des critiques musicales, c’est carrément épouvantable quoi ! C’est des gens qui connaissent rien, qui n’ont jamais rien f… enfin, faut jamais généraliser, y’en a des très très bien mais il y en a quelques uns, je comprends même pas… Tu sais, faut pas de diplôme pour devenir critique musical. Pour devenir OS chez RENAULT il en faut mais pas pour être critique musical. Donc, je peux pas être touché par des gens qui… si je leur demande trois chansons des Beatles, ils sont incapables de me répondre. Ils n’ont aucune connaissance là-dedans. Myriam : Quels sont les critères pour choisir les musiciens de studio et puis les musiciens de scène puisque ce ne sont pas les mêmes ? JJG : Pour les musiciens de studio, on leur demande une seule chose, c’est les compétences techniques. Pour les musiciens de scène, on leur demande 50 % de compétences techniques et 50 % de qualités humaines et ça va pas souvent ensemble. Alors quand on trouve une équipe comme moi j’ai trouvé, qui sont autant des amis que des bons musiciens, il faut les garder. |
Myriam : Tu travailles toujours avec Bernard Schmitt en particulier ? JJG : Bernard Schmitt s’occupe de tout ce qui est visuel, c’est-à-dire les pochettes, les clips, les décors, toutes ces choses-là auxquelles moi je m’intéresse beaucoup moins. Myriam : Est-ce que tu penses faire un jour un concert à Bercy, parce que tu as dit que c’était trop grand. Maintenant, vu le nombre de personnes qui sont venues au Zénith, est-ce que tu as changé d’avis ? JJG : C’est sûr que je ferai pas toute une tournée à Bercy quoi, mais peut-être que dans le cadre de quelque chose d’exceptionnel, une journée ou deux peut-être, mais en tout cas jamais je ferai toute une tournée dans des grandes salles comme ça. Myriam : Au cours de cette tournée, tu changes quand même quelques morceaux pendant le concert non ? En particulier, l’éclairage, j’ai eu l’impression qu’il y avait plus d’éclairage qu’au Zénith, plus d’effets. JJG : Là ? A Nice ? par rapport au Zénith ? Myriam : Oui. JJG : C’est-à-dire qu’à Paris on avait un autre système d’éclairage qui était des varilight et enfin, c’est un peu technique quoi, et on a préféré ne pas les prendre pour la tournée et rajouter 150 euh… enfin bref, donc il a fallu un peu retravailler toutes les lumières. Mais ça c’est le boulot de l’éclairagiste ! Myriam : Est-ce plus facile de faire un concert dans une petite salle, à Nice qu’à Paris ? JJG : L’idéal c’est entre les deux. Ici, c’est 3/4000 c’est ça ? Et Paris c’est 7000. Le mieux c’est vers 4/5000. Myriam : C’est-à-dire là on est vraiment entassés quand même. JJG : Voilà, là les conditions sont vraiment difficiles pour le public parce que la scène est petite mais d’un autre côté y a beaucoup plus de chaleur. Myriam : Est-ce que tu ne regrettes pas de ne plus faire partie d’un groupe ? Es-tu moins heureux de chanter en solo ? JJG : Ben, c’est-à-dire, j’ai fait 15 ans de groupes à peu près. Là, ça fait que 5 ans que je suis tout seul donc j’ai pas encore eu le temps de m’ennuyer alors qu’en 15 ans de groupes j’ai eu l’impression d’en faire un peu le tour et puis bon, en plus, c’est vrai que quand je compose ou quand j’enregistre je suis vraiment tout seul mais bon, toute la tournée je suis vraiment en groupe et puis je commence à faire beaucoup de choses avec Michael. Donc, les périodes où je suis tout seul sont pas très très nombreuses finalement et puis en plus c’est des périodes que j’aime bien aussi parce que c’est bien aussi de composer tout seul. |
Myriam : Comptes-tu refaire partie d’un groupe un jour ? JJG : Peut-être. Franchement, j’ai aucun à priori. A priori ça me paraît difficile de rester chanteur tout seul après 40 ans quoi. J’ai l’impression qu’on est mieux dans un groupe. Alors je sais pas. Mais en tout cas, je suis très ouvert à ça. Myriam : Tu avais laissé entendre, et beaucoup de gens le pensaient, que ton 4ème album serait très marqué par la scène après l’expérience de ta 1ère tournée. Finalement, il n’y fait aucune allusion. JJG : Non ; non c’est vrai. Mais par contre, c’est des morceaux qui, je pense, se joueront facilement sur scène, des morceaux comme "Compte pas sur moi", comme "Famille", comme "La vie par procuration", tous peuvent être joués assez facilement sur scène. Myriam : Et "Je te donne" n’a pas été écrite sur la tournée ? JJG : Non non, c’est une chanson que j’ai depuis le dernier album, enfin l’album précédent mais elle a pas été écrite spécialement sur la tournée. Myriam : Vous l’avez écrite comment ? Chacun de son côté Michael et toi ou ensemble ? JJG : Non, non. Je l’ai écrite d’abord entièrement et puis j’ai demandé à Michael de faire son texte en anglais à tel ou tel moment ! (rires). Myriam : Je crois que tu devais faire des versions anglaises d’"Américain" et "Je marche seul". Ca a été fait ? JJG : Non, j’ai fait des versions anglaises de "Quand la musique est bonne", "Il suffira d’un signe" et "Américain" puis comme j’ai vu que ça marchait pas du tout et que ça servait à rien, maintenant j’ai arrêté ! Myriam : Ils ne sont pas sortis en France alors ces disques ? JJG : Non non, c’était pour l’étranger mais bon, c’était pas très bon. Myriam : Aimerais-tu te lancer dans la production d’autres artistes ou composer pour d’autres personnes ? JJG : Oui (rires). |
Myriam : Ca c’est net !!! Tu as été déçu par les Victoires de la Musique ? JJG : Non, j’ai été super content d’être nominé déjà.C’était pas évident parce que c’était une année où j’ai rien fait. C’est une année où j’ai pas fait de scène et où j’avais pas sorti d’album. Donc, c’était très bien d’être nominé. Quand tu penses que des gens comme Hallyday par exemple, Higelin tout ça, qui ont sorti un album et qui ont fait des scènes énormes étaient pas nominés. Donc, c’était déjà plutôt une bonne surprise d’être nominé. Myriam : Je t’ai vu au Midem dans une émission avec Michel Berger et chaque fois que le présentateur y faisait allusion, vous vous regardiez en souriant tous les deux ! JJG : Aux Victoires ? Myriam : Oui, quand il faisait allusion aux Victoires de la Musique. JJG : Non mais là c’était plutôt sur… ça me concernait pas moi, c’était surtout vis-à-vis de France Gall parce que ça a été vraiment une aberration qu’elle ait pas… Bon je veux dire, quand on voit qu’en face il y avait Jeanne Mas qui a fait un album pour l’instant et puis qui avait en plus eu la Victoire déjà de l’Espoir et Catherine Ringer de l’autre côté, et puis bon, France Gall, je veux dire c’était vraiment une aberration qu’elle l’ait pas. C’est pour ça que ça nous a fait vraiment rire. Myriam : Tu n’as pas été surtout déçu pour Bernard Schmitt pour le clip de "Je marche seul" ? JJG : J’ai été aussi déçu pour Bernard Schmitt parce que je pense que c’était un bon clip et en plus "Pull Marine" était un clip qui avait plus de 2 ans je crois, donc j’ai pas bien compris ce qui s’est passé là. Myriam : Est-ce que tu as eu beaucoup de réactions pour le clip de "Je marche seul" ? JJG : Précise ta pensée ! (rires). Myriam : Euh… Comment dire ! JJG : Sur le fait de ma présence avec la fille ? Myriam : Oui. JJG : Ouais, y’en a eu pas mal ouais ! Myriam : Est-ce que ça t’a étonné ? JJG : Un petit peu ouais. J’ai été étonné que les gens, qu’il y en ait tellement qui fassent pas la différence entre ce qui se passe au cinéma et ce qui se passe dans la vie. C’était un peu bizarre ouais ! Mais enfin, y a eu des gens qui ont été déçus et qui s’attendaient pas à ça et puis y’en a d’autres qui ont trouvé ça très marrant et puis je crois qu’il fallait le prendre comme un clin d’œil quoi. Pas plus. Myriam : Penses-tu que la création de la 6ème chaîne musicale va changer le paysage de la chansons française comme ça a été le cas pour les radios FM ? JJG : Ben, je crois que les radios FM ont vraiment fait l’essentiel. Ce qui était fondamental, c’était ça. Qu’il n’y ait plus que 4 chaînes de radio qui puissent choisir des chansons à programmer. Ca c’était fondamental. Maintenant, qu’il y ait plus de télés euh, plus il y en aura mieux ce sera pour nous mais je pense que l’essentiel, ce qui a vraiment bouleversé le paysage musical français, ça a été les FM. |
Myriam : Peux-tu nous dire pourquoi ta maison de disques avait refusé les titres de tes deux premiers albums ? JJG : Parce qu’ils trouvaient que c’était des titres qui étaient pas assez commerciaux puisque le 1er c’était "Démodé" et le 2ème c’était "Minoritaire" et c’étaient les deux premiers albums, moi je m’en foutais un peu. Tout ce que j’ai fait, c’est refuser d’autres titres et puis on n’a pas mis de titre du tout quoi. Et ensuite, quand j’ai dit "Non homologué", maintenant ils acceptent parce qu’ils… ils ont vu qu’ils avaient… enfin bon. Pendant un moment ils m’ont dit que ça les embêtait quand même, qu’ils avaient un grave problème parce qu’il y avait des gens qui ramenaient l’album "Non homologué" aux caisses en disant "celui-là il est pas bon" ! (rires) pour la vente, au départ ! (rires). Myriam : Quel album préfères-tu ? JJG : Je crois que je préfère toujours le second et je crois que je préfèrerai toujours le second. Je crois que je ne ferai jamais un album comme le second. C’est un coup, je crois que c’est un coup de pot ; à chaque fois que je le réécoute, c’est vraiment, je me sens pas capable d’écrire quelque chose de mieux que ce 2ème album. Myriam : Et ta chanson la plus accomplie ? JJG : "Veiller tard". Myriam : Si quelqu’un d’autre que toi chantait tes chansons, tu penses qu’elles auraient le même succès ? JJG : Ben je le pensais et puis j’ai écrit une chanson pour Michael en français… Myriam : "Viens" ? JJG : "Viens", que je trouvais une bonne chanson et qui n’a pas marché. Myriam : Est-ce que tu penses que si tu avais mis ton nom sur le disque, ça aurait changé quelque chose ? JJG : Tout le monde le savait que c’était moi. On a fait beaucoup de presse ensemble, donc chaque fois qu’on le présentait, les gens disaient que c’était moi qui l’avais écrite donc je sais pas pourquoi elle a pas marché. Mais bon, on gagne pas à tous les coups hein ! C’est vous qui choisissez ! |
Myriam : La tournée va durer jusqu’en octobre d’après ce que j’ai entendu ? JJG : Oui, elle va durer jusqu’au mois d’octobre mais on va faire des longs arrêts. On tourne pas au mois de juin, on ne tourne pas au mois d’août ni au mois de septembre. Myriam : Et en octobre, tu tournes où ? JJG : Je sais pas. C’est-à-dire, du fait qu’on a été obligés de rajouter des jours dans presque toutes les villes, bon là 4 jours à Nice, ce qui n’était pas prévu au départ, pareil à Toulouse, à Bruxelles et tout ça. Y a beaucoup de petites villes qu’on est obligés de faire sauter et donc on va essayer de faire ces petites villes plus tard. Myriam : Est-ce que le concert du Zénith a été filmé ? JJG : Oui. Myriam : Et il va sortir en cassette ? JJG : Non ! Myriam : Il a été filmé pourquoi alors ! JJG : Pour voir ! (rires). Pour nous faire un souvenir à nous ! Annie : Comment fais-tu pour répondre personnellement au courrier ? JJG : Et ben… c’est un énorme problème pour moi parce que je reçois trop de courrier maintenant et je peux plus y répondre. Voilà, c’est aussi bête que ça. Myriam : On aimerait savoir de qui parle "Elle attend". Parce que moi je pensais qu’elle faisait allusion à une petite fille et puis il y a pas mal de gens qui pensent qu’elle fait allusion à une personne âgée. Il y a plusieurs éventualités là. JJG : Non, dans ma tête c’est une fille qui a une trentaine d’années et c’était une réponse à une chanson que j’avais beaucoup aimée, qui était une chanson prémonitoire un peu de Bob Dylan, qui s’appelait "The time they are a changing", qui veut dire le monde et les temps changent, qui avait été reprise par Hugues Aufray et qui était une chanson un peu grandiloquente en disant le monde et les temps changent et puis en fait, rien n’a changé et moi je connaissais beaucoup de gens de cette génération, et donc de ma génération qui, eux, attendent toujours que le monde et les temps changent et puis le monde il passe sans eux, et eux ils continuent d’attendre. Myriam : Après cette tournée en octobre, que comptes-tu faire ? JJG : Et ben, j’aurai une dizaine de mois pour faire un album et ça sera, ça sera tout juste suffisant. Myriam : C’est déjà bien programmé à l’avance alors, c’est planifié. JJG : Ben on est plus ou moins obligés parce que pour retenir les salles, par exemple à Paris, il faut s’y prendre 3 ou 4 ans avant et à partir du moment où tu programmes la salle où tu vas passer à Paris, il faut que tu programmes la sortie de l’album aussi. Et en plus bon, je pense qu’un album tous les 2 ans c’est à peu près correct parce que bon, j’ai déjà 34 ans, dans 2 ans j’en aurai 36, alors faut penser à ces choses-là aussi ! |
Myriam : Et après l’album alors, ce sera la 3ème tournée ! JJG : Ben oui, c’est comme ça. C’est comme vous, après Goldman, vous allez interviewer quelqu’un d’autre et puis après quelqu’un d’autre. Myriam : Ben, c’est la 1ère là ! JJG : Ben je vous souhaite que ce soit pas la dernière alors. Myriam : Merci. Annie : Compte-tu refaire un duo avec Michael Jones ? JJG : Le duo avec Michael Jones avait surpris beaucoup de monde au début. La maison de disque voulait pas et tout ça, parce que c’était bizarre parce qu’il était inconnu. Et puis, je suppose que maintenant que ça marche, tout le monde va me demander d’en refaire et je crois qu’il faut garder la même attitude, c’est-à-dire faire un truc quand on a envie de le faire, parce qu’on sent qu’il faut qu’on le fasse ensemble et si on n’a pas envie, ne pas le faire ; et ça sera notre façon de voir, toujours, c’est-à-dire faire les choses naturellement et avec plaisir. Myriam : Pour en revenir à "Viens", ne penses-tu pas qu’il y a eu un manque de promotion quand même, parce qu’on ne l’a pas beaucoup vue à la télé. JJG : Moi je pense que si la chanson avait été
suffisamment forte elle aurait marché toute seule. Parce qu’il a eu quand
même un minimum de promotion, c’est-à-dire il y a beaucoup de FM qui ont
joué le jeu et il a fait beaucoup de promotion en province et bon, ça
n’a pas fonctionné ça n’a pas fonctionné. Là, sur "Guitar man"
ça a l’air de partir beaucoup mieux déjà. Bon ben, c’est peut-être
celle-ci qu’il fallait qu’il fasse. |