(retranscription :
["On ira"] Journaliste 1 (Jérôme) : Goldman, "On ira" sur Radio France Landes. Comme on vous le dit depuis quelques jours maintenant pour fêter la dernière émission sur RFL de cette année 98 et bien on va passer cette heure avec Jean-Jacques Goldman et celui qui a quand même rendu possible cette interview. C'est Romain qui est venu nous retrouver. Romain bonsoir. Journaliste 2 (Romain) : Bonsoir Jérôme. Jérôme : Alors on va en savoir un petit peu plus sur Goldman, sur cette interview. Alors déjà pas mal de personnes nous ont appelés en nous disant "Est-ce-qu'on peut venir voir Jean-Jacques Goldman ?" Non, l'interview a été réalisée il y a quelques temps de cela. C'est vous qui l'avez réalisée. Dans quelles conditions, à quelle occasion vous l'avez rencontré ? Romain : Et bien à quelle occasion, ça s'est passé au moment de son passage à Pau dernièrement au Zénith, c'était le 8 novembre dernier si je ne m'abuse et puis ben par un concours de circonstances assez extraordinaire on a pu avoir une interview sachant que JJG ne donnait aucune interview sur cette tournée, qu'il avait décidé qu'il en avait suffisamment donné auparavant et que là il avait la tournée et il avait les Restos du cur à préparer et qu'il n'en donnait pas. Bon il se trouve qu'on avait un, enfin ça fait un peu prétentieux de dire ça, un ami commun, quelqu'un dont je suis proche qui travaille avec lui sur les Restos du cur et qui a pu m'obtenir l'interview qu'on va donc écouter ce soir. Jérôme : Alors ben la question qu'on se pose, parce que c'est vrai qu'à "Envoyé Spécial" on a déjà eu droit a une interview de Michel Sardou qui lui aussi on peut dire est entre guillemets un petit peu "avare" au niveau interviews, la presse l'intéresse très peu. Donc Sardou, on sait que c'est quelqu'un qui bon n'est pas particulièrement facile à approcher, le journaliste qui l'avait interviewé a dit: "J'ai passé deux jours sans qu'il me décroche un seul mot, on s'est même demandés si on n'allait pas replier le matériel et partir." Romain : Ouais, c'est vrai. Jérôme : Alors comment ça se passe quand on rencontre JJG ? Comment il est ? Romain : Et bien quand on rencontre JJG, c'est tout le contraire de Michel Sardou, s'il est comme vous venez effectivement de le décrire. C'est vrai que JJG est rare, c'est vrai qu'on le voit quasiment jamais à la télé par exemple, sauf ya deux-trois semaines parce que Drucker a réussi à l'avoir mais sinon, en dehors des Restos du cur, on le voit jamais. Mais en revanche quand on réussit à l'approcher, c'est l'homme le plus charmant du monde et s'en est même impressionnant parce que vous rentrez dans sa loge, on vous dit "Voilà JJG va vous recevoir à 19 h 15" par exemple, on vient vous chercher à 19 h 14 et à 19 h l5 exactement vous rentrez dans la loge, il se retourne, il vous dit "ben vas-y assieds-toi dans le canapé", ya un canapé, une chaise, vous vous asseyez dans le canapé, lui s'assoit sur la chaise, il vient lui-même vous servir à boire et là il est à 50 cm de vous et il vous regarde fixement en attendant, en écoutant ce que vous allez lui dire, ce que vous allez lui poser comme questions et c'est vrai que c'est très impressionnant parce que dhabitude, quand on interviewe comme ça des chanteurs connus, soit ils ont des téléphones portables qui sonnent dans tous les sens, soit il y a toujours un secrétaire ou quelqu'un qui vient leur parler et ils sont interrompus toutes les dix secondes. Là non, là tout le monde sort il reste tout seul avec vous et il écoute. Jérôme : Et ça donne donc cette interview qu'on va pouvoir apprécier grâce à vous. Merci de ce cadeau que vous nous avez fait. Romain : Mais je vous en prie. Jérôme : Et puis on va se balader tranquillement sachant que bien entendu dans cette interview, par deux fois vous aurez l'occasion de partir avec un superbe coffret collector. A l'intérieur, vous pourrez bien entendu apprécier le dernier album "En Passant" et en plus un superbe album photo qui est glissé dans ce coffret. Romain : Ouais des photos de Claude Gassian qui est fou de Goldman depuis ses débuts et qui l'a toujours suivi et du coup, c'est devenu le photographe officiel de JJG et il y a des photos magnifiques effectivement dont une, on en parlera dans l'interview, qui a été prise dans les Landes, ici à Ondres. Jérôme : Donc on part direction Pau retrouver celui que Pascal
Obispo même appelle "le maître". |
"18h-19h en exclusivité JJG sur Radio France Landes" [musique "Sache que je"] Romain : L'album "En Passant", ce sont quelques notes de voyage, c'est du moins ce qu'on croit comprendre en observant de près les notes de votre dernier disque. Jean-Jacques Goldman : En fait, les albums c'est toujours un peu la même chose, c'est comme un compte-rendu des 3 ou 4 dernières années, qu'on a traversées avec ce qui a pu nous, enfin me toucher ou m'intéresser, les préoccupations de ce moment. Romain : Alors bon si on prend quelques chansons, "Sache que je", ça avait été le premier single et je me souviens avoir lu et puis avoir constaté que vous ne disiez jamais "je t'aime" dans une chanson et là vous êtes presque arrivé au bout et toujours pas ? JJG : Non mais c'est même parce qu'on me l'a fait remarquer que je me suis posé la question et que l'idée de la chanson est venue. Mais sinon moi je ne m'en étais même pas rendu compte et je me suis posé la question pourquoi je ne dis pas ça. Bon ben je l'explique dans la chanson, j'ai essayé de comprendre pourquoi. Romain : Dans la chanson "Bonne Idée", c'est une chanson plutôt très optimiste, ce qui n'est pas toujours très courant chez vous et j'ai remarqué qu'il y avait Ruth et Moïshé qui revenaient, qui revenaient parce qu'on parlait déjà de Ruth je crois dans "Comme Toi". JJG : Euh oui. Bon enfin là ils viennent de façon très précise puisque c'est le prénom de mes parents et dans le cadre de "Comme Toi", d'ailleurs je ne me souvenais plus, j'ai pris des prénoms très significatifs donc celui-là je l'avais sous la main si je puis dire. Romain : A propos de Ruth ou de Moïshé, vos parents donc, revendiquez-vous plus aujourd'hui qu'hier vos origines ? JJG : Je l'ai jamais revendiqué comme un étendard ou de façon militante parce qu'il n'y a pas de problème sur le fait d'être juif en 98. Mais je ne l'ai jamais caché non plus, enfin je l'ai toujours dit comme quelque chose de naturel, de la même façon que Cabrel dit qu'il est du Lot et Garonne ou que Charlélie Couture dit qu'il est de Nancy. Donc les gens nous demandent souvent nos origines. C'est difficile pour moi de dire que j'ai un père polonais et une mère allemande puisqu'ils sont avant tout Juif polonais et Juif allemand ce qui est très différent de allemand et polonais étant donnée lhistoire récente. Donc c'était la moindre des choses de le préciser. ["Bonne Idée"] Romain : Quelle est lhistoire du "Coureur" ? JJG : Il s'agit vraiment d'un gamin qui était dans un contexte extrêmement précis, un contexte dont il n'avait aucune chance de sortir, ou malchance de sortir puisque je ne sais pas si c'est bien ou mal, en tout cas qui faisait vraiment partie d'une culture, d'un passé, d'une histoire, qu'est tranquille et tout à coup, quelqu'un croise sa vie et va lui changer fondamentalement son existence. Politiquement correct aurait été de dire que c'est dramatique, quil fallait le laisser à sa... à son... un peu comme Jean-Jacques Rousseau à son, son naturel. Moi je ne suis pas sûr du tout de ça. Je pense qu'il a eu de la chance aussi de découvrir le monde, de découvrir d'autres choses même si c'était au prix d'une mise en cause de ses racines, c'est pour ça je ne suis pas du tout sur que ce soit entièrement négatif ce qui lui est arrivé. Je suis persuadé que c'est pas entièrement positif non plus mais c'est une vie qui vaut le coup d'être vécue aussi. Romain : Ce qui est amusant, y'a peut-être un autre problème auquel vous n'aviez peut-être pas forcément pensé en écrivant cette chanson, c'est que la chanson a été un tube au moment des histoires de dopage pendant le Tour de France. A un moment vous dites "j'ai pissé dans un bocal" etc... donc beaucoup de monde a relevé cette phrase-là. JJG : J'avoue que je pensais plus à une espèce d'optimisation des capacités, c'est-à-dire pour ce gamin qui court naturellement puisqu'il fait juste la course avec les vagues, et tout à coup on essaye d'en faire une machine à gagner. J'avoue j'avais pas intégré le fait d'en faire une machine illégale. Mais ne serais-ce que d'optimiser comme ça, de faire des musculations très spécifiques, de mettre des clous aux pieds, tout ça change la nature de cet acte qui pour lui était juste naturel de courir. Romain : Y'a une autre chanson dans l'album à laquelle nous on s'est beaucoup attachés parce que la photo qui l'illustre a été prise à Ondres et Ondres c'est dans les Landes, c'est donc à côté d'ici, c'est "Tout était dit". C'est une région que vous connaissez bien ? JJG : Non je ne peux pas dire que je la connais bien mais c'est une région qui m'attire. Je vais y revenir probablement à j'attend la fin de cette tournée pour pouvoir me balader un peu dans tout le Sud-Ouest parce que c'est une région où j'ai beaucoup d'amis et probablement la région qui m'attire le plus en France. Romain : Oui alors justement dans cette chanson vous parlez de la beauté qui est... Vous parlez des apparences auxquelles il faut se fier. Ce qui est un petit peu contraire au discours qu'on entend d'habitude. JJG : Je parle surtout du fait, de la capacité de travestissement des mots, on peut mentir avec des mots, avec des phrases, avec des attitudes et l'espèce de spontanéité qui se dégage de gestes. Mais ça j'ai mis beaucoup de temps à me rendre compte de ça, on a des antipathies ou alors des attirances qui sont un peu incompréhensibles et que notre cerveau n'arrive pas bien à décrypter. Mais par contre on a un instinct qui fait qu'on va se méfier de quelqu'un ou qu'on va être attiré par quelqu'un. Y'a des gens avec qui j'ai travaillés pendant 20 ans, 10 ans ou 15 ans et auxquels j'aurais pas confié mon sandwich et ya d'autres gens que je peux rencontrer en 2 minutes et leur livrer ma vie sans avoir aucune peur qu'ils puissent me trahir et je ne sais pas pourquoi. Et ensuite on se rend compte que notre ordinateur inconscient a décrypté des choses donc simplement sur une façon d'être habillé, une attitude, une capacité d'écoute, un regard que notre raison na pas pu déchiffrer. Voilà cest une chanson qui parle de ça. |
["Tout était dit"] Romain : Il sest passé beaucoup de choses pour vous JJG ces dernières années : lalbum de Céline Dion qui vous a apporté la consécration internationale, des chansons pour Florent Pagny, Patricia Kaas, vos tournées et vos albums qui marchent encore mieux quavant. Vous reste-t-il encore des désirs ? JJG : Non, jai des petits projets, jaimerais bien faire une comédie musicale un jour. Voilà jai essayé sur les deux derniers albums et puis jai pas réussi. Voilà, des choses comme ça mais bon si je ne fais pas de comédie musicale, ça va pas me rendre malade. Je suis très content de ce que je vis. Non non, jai pas de sinon pourvu que ça dure, quoi que cest tout, enfin je parle surtout de lenvie, du plaisir que jai à être sur scène, à écrire des chansons. Voilà cest ma seule préoccupation. Romain : Mais quest-ce qui vous pousse encore ? Parce que ça fait quand même depuis 81, ça fait longtemps que ça dure maintenant, ça fait 16-17 ans, vous avez encore toujours la même envie justement ? JJG : Pour linstant oui mais cest pas un rythme effréné non plus, je fais un album tous les 3-4 ans, ça fait 10-12 chansons. Jen fait pour les autres mais un album, 10-12 chansons pour moi tous les 4 ans cest pas des horaires impossibles, cest pas des rythmes infernaux. Romain : Je sais pas si cest une conjoncture mais en ce moment quest-ce quil y a comme chansons signées JJG même si avant il y en avaient qui étaient signées sous des pseudos. Alors je vais vous poser une question, jespère quelle ne va pas vous vexer : est-ce que vous navez pas peur de vous "barbelivianiser" à un moment ? JJG : Ouais, je sais pas exactement ce que veut dire se "barbeli " Cest à dire den faire trop et de faire des choses qui se ressemblent ? Moi jai limpression que... ça na rien à voir quand même avec des auteurs ou des Romain : Dans le fond hein, pas sur la forme JJG : Non non, il a écrit des chansons magnifiques. Une chanson comme "Elle moublie" par exemple de Hallyday c'est Barbelivien ou "DAllemagne" qua chantée Patricia Kaas. Cest un type qui sait écrire des chansons et quen a écrites des que jaurais bien aimées écrire, certaines. Donc cest pas du tout péjoratif pour moi mais lui son métier pendant un moment a été décrire des chansons comme dautres dailleurs, comme Bergman ou Delanoë tout ça. Et ils écrivaient, je sais pas moi peut-être 20-30 chansons par an, moi jécris jamais plus que 5 ou 6 chansons par an si on fait le compte. Romain : Sauf quelles sont toutes ou quasiment toutes, enfin jai peu dexemples en tête de chansons signées JJG qui naient pas été programmées des centaines et des milliers de fois sur les radios. JJG : Non, je peux vous donner des exemples sur pas mal de choses que jai faites ces dernières années et qui nont pas beaucoup été programmées. Romain : Si on fait le jeu, doit pas y en avoir beaucoup. Justement vous parliez des chansons que vous auriez aimé écrire, récemment ya des choses que vous avez entendues et qui vous ont mis à genoux ? JJG : Oui ya une chanson de Clapton là sur lalbum "Pilgrim" qui sappelle... un truc avec "river" dedans un blues, je crois que cest la deuxième "River Of Tears" quelque chose comme ça ça sappelle... Une femme : Je sais plus le titre mais c'est... JJG : ...ouais, qui est une chanson magnifique. ["River Of Tears" - Eric Clapton] Romain : Lécriture pour les femmes, alors ça cest quand même un mystère parce que ya peu dhommes comme ça qui puissent se mettre aussi bien à la place des femmes que vous peut-être pour écrire une chanson. JJG : Mais moi jaime beaucoup les femmes. Je fréquente beaucoup les femmes et je passe lessentiel de mon temps avec les femmes et elles mintéressent beaucoup, ya plein de choses qui mintéressent chez elles. Romain : Ouais menfin pour écrire une chanson comme "Je voudrais la connaître" sur cette rupture enfin cest.. Vous auriez aimé être une femme ? JJG : Non, non non, je suis très content dêtre un homme mais je suis très content dêtre un homme justement parce que jaime beaucoup les femmes donc ça me permet [rires]. Romain : Et vous prenez le temps de lire ? JJG : Assez peu, lessentiel cest "lÉquipe" en ce moment et les journaux mais jai toujours 2-3 bouquins dans mon, dans mon sac. Ca va de... de... de poésie, dailleurs ce sont des choses que lon moffre très souvent. Ya 2-3 jours jai reçu les uvres complètes de Musset alors je me suis mis un peu dedans. Jai un copain qui fait une thèse sur Henri Calet que je ne connaissais pas donc je lis quelques lignes. Jai rencontré un prof de philo qui sappelle Etchegoyen et qui ma donné ses bouquins donc je lis aussi un petit peu. Donc c'est un petit peu comme ça quoi. Là, je me suis procuré "Lécole des cadavres" de Céline que jai lu pendant les vacances. Cest assez intéressant, voilà, cest étonnant. Romain : Est-ce quil y a des gens pour qui vous aimeriez encore écrire maintenant ? Pour lesquels vous navez pas encore peut-être écrit ? JJG : Pas trop, là jai pas de désir très précis. Romain : Mais cétait un désir par exemple avec Céline Dion et Patricia Kaas ? ou cétait une demande ? JJG : Mais cétait des demandes pour tout le monde. Mais bon je reçois aussi des demandes où je ne me sens pas euh capable de le faire. La seule personne à qui jai demandé, cest vraiment Céline Dion. Jai demandé un rendez-vous, jai demandé à la rencontrer alors quelle était très peu connue. Là, il sagissait vraiment dune démarche et jen parlais depuis très longtemps, je savais que je voudrais, jaurai voulu travailler pour elle. Romain : Je me souviens que vous vous en étiez expliqué à "Envoyé Spécial" notamment. Vous aviez dit "Ya la place en France pour une voix à la Mariah Carey ou à la Whitney Houston". Cest ça qui vous a attiré ? JJG : Ouais ouais, yavais une espèce de suspicion sur les grandes voix, en français. Depuis, on va dire Mireille Matthieu, Michèle Torr etc..., que je trouvais vraiment injustifiée quand on voyait lappétit des Français pour ces voix exceptionnelles en anglais, quil sagisse effectivement de Whitney Houston ou de Barbara Streisand etc... Donc cétait comme si il y avait une , si on pensait quil fallait forcément des textes stupides ou des musiques un peu faciles pour des grandes voix. Et voilà, cétait un challenge qui mintéressait vraiment de montrer quon pouvait très très bien chanter en France et pas forcément des chansons très très très commerciales quoi. Romain : Et vous trouvez donc que cest des grandes voix ? Enfin Céline Dion vous ? Par exemple si on vous dit que ça manque un peu de feeling, non, vous dites "pas du tout". JJG : Dabord... Romain : Céline Dion ou Lara Fabian maintenant là puisquelle est arrivée depuis. JJG : Oui menfin là on est quand même passé de Jane Birkin à Lara Fabian quoi. Cétait pas normal non plus davoir que des chanteuses comme Mylène Farmer comme euh Je respecte ça mais la chanson cest quand même fait pour des voix quoi. Donc maintenant sur linterprétation, quon puisse aimer ou préférer lune ou lautre, je pense que ça na pas de rapport, on peut chanter bien et avec du feeling voilà. Aretha Franklin, cest une grande chanteuse et elle a du feeling aussi donc ensuite cest un autre travail. |
["Pour que tu maimes encore" Céline Dion] Romain : Et humainement, cest facile de travailler avec elles, avec Céline Dion, avec Patricia Kaas ? Ca se passe bien ? JJG : Oui, pour linstant ça sest toujours bien passé. Oui ce sont des, ces deux filles là, ya pas de généralité, il se trouve que cest, que ce soit Patricia Kaas ou Céline Dion, se sont vraiment des Dabord, ce sont des filles qui viennent de très bas, sur le plan social, et qui le savent et qui s'en souviennent et qui le revendiquent. Donc on a vraiment des grandes facilités à communiquer. Romain : Et comment vous faites pour choisir une chanson, hormis la tessiture, hormis les possibilités musicales de chacune, mais dans le choix même des mots pour Patricia Kaas ou pour Céline Dion ? JJG : Moi, je les écris pour elles. Sur mon carnet, je note des idées de textes, je marque Céline Dion à côté ou Patricia Kaas à côté ou rien ou moi. Mais y'a des thèmes qui sont pour lune, qui sont pas pour lautre. Cest vraiment particulier, cest pas des chansons comme ça qui cherchent un interprète. Chaque fois que jécris une chanson, pour Patricia Kaas en particulier, cest vraiment pour elle, elle ne peut pas chanter nimporte quel thème, par contre elle peut chanter des thèmes que personne dautre ne peut chanter. Je trouve quelle est brillante dans "Je voudrais la connaître" ou "Il me dit que je suis belle". Romain : Est-ce que vous avez déjà pré-analysé une éventuelle baisse de succès pour vous-même ? JJG : Je lai beaucoup beaucoup analysé avant, cest-à-dire ya une dizaine dannées quand vraiment cétait très..., javais beaucoup beaucoup de succès avec "Je te donne", tout ça enfin. Je savais disons que le cap des 40 ans était un cap difficile à passer et quil faudrait sattendre à avoir moins de succès. Donc je l'avais vraiment prévu et maintenant non parce que je crois que cest trop tard maintenant. Cest-à-dire, je pense que je suis arrivé maintenant à un âge où jaurai plus de baisse quoi. Je pense quand on arrive au delà de 50 ans on a peut-être des baisses comme ça on va dire de moment. Mais on disparaît plus. Ya un moment où on a un ticket, on a duré suffisamment longtemps et on a un ticket "ad libidum" comme, fin je sais pas, je veux pas me comparer à ces gens-là, mais on se demande pas si Gilbert Bécaud ou ... Romain : Sardou ? JJG : Sardou ou Jean Ferrat, si ça marche ou pas. Ils sont là. J'ai rien prévu, j'avance doucement vers ces âges-là, cest pas un ticket qualitatif, cest un ticket, on va dire comme on dit dans les entreprises, "à lancienneté". Mais si on a tenu bon jusquà ces âges, en général Bon après on fait partie des meubles en gros. Romain : Ouais, vraiment ? JJG : Ouais ouais. Romain : Mais cest pas frustrant même ? JJG : Oui mais bon on ne peut rien faire. Le seul qui a fait quelque chose dintéressant là-dessus cest Gary avec Emile Ajar, cest Il savait quil était cuit pour le Goncourt à cause de justement, du fait quil était devenu une institution et il a fait, cest le seul truc marrant à faire, cest-à-dire refaire un disque sous un autre nom et Romain : Cest pour ça que vous vous appeliez Sam Brewski sur certaines chansons ? Cétait le syndrome Emile Ajar justement ? JJG : Non, non non, là cétait pas du tout ça, cétait simplement
Javais une confiance absolue sur la paresse des médias et donc je savais quà
partir du moment où il y avait une chanson, un album de Patricia Kaas ou de Marc Lavoine
ou de Pagny qui allait sortir avec une seule chanson de moi sur 12 chansons, je sais
quils nauraient parlé que de ça. De la même façon que sur lalbum de
I Muvrini, il y a un duo avec Sting qui à mon avis nest pas du tout représentatif
de lalbum, mais tous les médias qui sont très paresseux et très bêtes ne parlent
que de ça. Jentends jamais parler dautre chose. Donc cétait une façon
de faire que pendant les 2 mois où on naurait pas su qui était ce Sam Brewski ou
ce... bon, ils auraient pu, ils se sont intéressés un petit peu à ce quil y avait
dautre dans cette chanson, voilà. |