"GOLDMAN PARLE"

GOLDMAN s'exprime peu. En 1987-1988, fidèle à sa légende, il accordera à Didier Varrod deux entretiens. L'un pour la promotion de son nouvel album pour les FM, l'autre au début de son marathon parisien pour le mensuel Paroles et musique.


bouquin JJG-devant.jpg (8278 octets)

(retranscription : Sandrine Mazière)

 


- Pourquoi un double album ?

"Ce n'était pas prémédité. J'ai commencé à travailler sur un simple. Le second est venu comme un antidote au premier, sur lequel j'avais utilisé beaucoup de synthés et de boites à rythmes. Ça commençait à me gonfler un peu. Alors je retournais en studio jouer des morceaux acoustiques, un peu à part de ce que je fais normalement. J'ai pensé que c'était le moment ou jamais de sortir ces chansons, sinon elles allaient mourir définitivement dans ma cave.

Je traînais beaucoup de ces chansons avec moi depuis longtemps. C'était pour moi le moment de les sortir, parce que l'album précédent avait bien marché et que donc les gens me faisaient confiance. On n'écoute pas vingt chansons d'un type que l'on ne connaît pas. Mais du fait que le public et moi avions pris contact de façon assez forte et que ça marchait bien, je savais que les gens feraient cette démarche. Du genre : "S'il fait vingt titres, il a sûrement une raison." C'était le moment ou jamais de le faire. Je ne sais pas si je retrouverai une telle position de confiance à l'avenir.

Je me suis simplement rendu compte, depuis que je fais des disques, que les gens étaient non seulement sensibles aux tubes mais aussi très ouverts à des chansons plus intimistes comme Dors bébé, dors, Veiller tard ou Famille. Je savais que ceux qui me suivent depuis le début seraient sensibles à ce type de morceaux, avec peu d'instruments, moins bien arrangés et qui brillent moins.

Un.de mes souhaits est de retrouver le public des débuts et d'avoir avec lui un contact plus précis que celui que je ne peux avoir avec tout le monde actuellement."


- Michael Jones

"En France, on trouve des guitaristes très forts et inimitables. Mais il n'en existe pas qui jouent comme lui, avec des guitares saturées un peu à l'anglaise, à la hooligan. Même parmi les guitaristes de studio que j'employais régulièrement."

- L'évolution musicale

"Il existe des systèmes qu'on ne peut nier. Même pour les plus grands, tels Dylan, Brassens ou Ferré. A part pour quelques êtres d'exception, comme Mc Cartney ou Bowie, avec lesquels on peut s'attendre à tout sur chaque album. Sinon nous avons tous un bagage de vocabulaire et de suites harmoniques qui sont nos tics. C'est vrai Entre gris clair et gris foncé ressemble un peu aux autres. Mais il est un peu à part parce que j'y ai inclus des morceaux très acoustiques, plus intimistes, comme je n'avais pas eu beaucoup l'occasion de le faire avant. J'avais toujours essayé de faire mes albums en pensant au plaisir des autres. Cette fois-ci je dois avouer que pour le second album de ce double, je me suis fait plaisir avant tout."

- Goldman juge son dernier album

"J'ai trouvé chacun de mes albums différent, au niveau du son, des arrangements, de la production. Ils étaient toujours en progression dans ces domaines, même si ce n'est pas mon fort. En ce qui concerne les chansons, je ne crois pas que ce soit le meilleur. Je reste toujours amoureux de mon deuxième album. Je suis content du dernier mais je ne sais pas s'il contient des chansons aussi bonnes que Je te donne ou Comme toi. Il contient quand même quelques trucs sympas..."

- "Elle a fait un bébé toute seule"

"Je voulais casser cette espèce d'image que me donnait le succès précédent. Grâce à lui, on commençait à parler de moi dans les journaux sérieux. Alors qu'au début tout le monde disait que ma musique était nulle, soudain les journalistes ont commencé à employer à mon propos des mots comme "représentant", "génération". Ce qui m'a vraiment gonflé ! J'étais donc ravi de sortir une chanson qui paraissait futile, ne serait-ce que pour emmerder tous ces gens-là. J'avoue que ce fut la raison déterminante de mon choix. Puisque j'avais d'autres chansons en boite : Là-bas, Ta chance ou Il changeait la vie, qui sont beaucoup plus dans la veine de ce qu'ils auraient pu attendre."

- "Fais des bébés"

"Faire des bébés est une chose les plus sûres et les plus intéressantes à réaliser. Je reviens un peu à la base de la nature humaine. Je ne sais pas pourquoi nous sommes venus sur terre. Je pose d'ailleurs la question dans A quoi tu sers ? Une des raisons est peut-être de donner une suite à notre passage sur terre... (...)

La chanson est construite sur le mode cynique... Parce que les mômes, c'est l'enfer ! C'est ce que je reprocherais le plus à mes parents : de ne pas m'avoir prévenu du changement radical de vie qu'implique leur présence. Mais le jeu en vaut la chandelle. Je le dis en rigolant, je ne fais pas une campagne à la Michel Debré.

Mais il ne faut pas donner à cette chanson plus d'importance qu'elle n'en a. C'est une chanson drôle comme Elle a fait un bébé toute seule. C'en est d'ailleurs la suite et la fin."


- "Là-bas"

"J'avais la chanson et je cherchais une interprète. Je me suis renseigné un peu partout, j'ai écouté beaucoup de premiers disques. Un jour, un copain m'a téléphoné, il avait trouvé une fille qui chantait dans le métro et il avait commencé à travailler avec elle. Il m'a fait écouter des maquettes et c'était vraiment ce type de voix que je cherchais et que je n'avais pas encore trouvé. Mais Sirima chantait en anglais. Nous avons fait un essai en français et tout allait bien. Je lui ai donc proposé ce duo et elle a accepté. (...)

Dans cette chanson, j'ai voulu montrer la capacité des femmes à être heureuses quelles que soient les conditions matérielles. Les femmes mettent en avant des choses plus fondamentales : l'amour, créer une famille, respecter les traditions. Les hommes, en revanche, rêvent toujours de "plus loin", ne serait-ce que pour accéder à des plaisirs plus matériels. J'ai voulu évoquer cette différence d'état d'esprit dans cette chanson qui ne veut rien prouver. C'est la description d'un fait. Je ne prétends pas que c'est une généralité. Dieu merci, il existe des femmes indépendantes qui ont envie d'autre chose que de fonder une famille. Mais ce désir est néanmoins instinctif chez de nombreuses femmes. Je ne dis pas c'est un bien ou c'est un mal. C'est un fait."

- "Entre gris clair et gris foncé"

Une nouvelle fois, ce n'est que la description d'un fait. Qu'on retrouve sur le plan de la politique, des relations entre les gens, du travail, de la Sécurité sociale, etc. C'est au sujet de cette façon de vivre avec plus de sécurité, de gestion, de raison. C'est probablement mieux mais cela nous empêche de vivre et de voir des choses excessives, toutes blanches ou toutes noires. Pour arriver à une espèce de normalité, entre gris clair et gris foncé.

C'est le rationalisme poussé à son paroxysme qui, bien entendu, s'opère au détriment de certaines lueurs, de certaines étincelles de génie. Doit-on pour autant souhaiter vivre comme il y a cent ans dans une période de turbulences excessives autant qu'extrémiste ?"

- "C'est ta chance"

"Quand je parle des paumés, des marginaux, je ne m'apitoie pas sur leur sort. Je pense même que c'est leur chance. Quand tu es fils de riche, que tu n'as à te battre pour rien, tu risques d'avoir de mauvaises surprises plus tard. Les gens défavorisés au départ ont, au contraire, appris à se battre. J'ai moi-même été défavorisé sur certains plans, même si j'ai été très favorisé sur d'autres. Tout ce qui était des problèmes au départ est devenu des chances. C'est ce qui a généré mon envie de me battre et une obligation à faire le tri entre le solide et le superficiel. Celui qui vit très bien sans problèmes n'a pas la chance de pouvoir faire le tri ou alors il le fait sur le tard et le paie cher."

- Goldman et la production

"J'adore produire ! Avoir une idée dans la tête et parvenir à la mûrir, à la sortir, à la traduire telle qu'elle avait germé dans mon esprit est un véritable plaisir. Pour l'instant, personne d'autre que moi ne peut traduire exactement ce que je ressens. Lorsque j'entre en studio, je n'ai que cette préoccupation : faire en sorte que mes chansons ressemblent exactement à ce que j'avais à l'intérieur. J'envisagerai l'apport d'un producteur si j'éprouve un jour quelques difficultés à accoucher. En général, les auteurs-compositeurs n'éprouvent pas le besoin d'utiliser des forceps (rires)..."

- Promotion, télévision

"Je n'aime pas la télé, j'y suis vraiment mal à l'aise. Pour chanter, ça va, je sais le faire, mais pour parler, c'est terrible. Je m'ennuie beaucoup, donc, plutôt que d'y être en y faisant la gueule, autant y aller juste pour chanter et laisser parler ceux qui en ont envie.

L'idéal, c'est la situation américaine. Prince, Jackson, Springsteen, la plupart des grands accordent de moins en moins d'interviews, et sont presque totalement absents des grandes émissions de télévision. Ils font passer leur "message" entre guillemets et l'info les concernant sur la ou les chaînes musicales. On devrait pouvoir arriver à cela en France."


- La presse

"Je n'aime pas revendiquer des choses que je ne serais pas capable d'assumer (silence). Je vais essayer de m'expliquer par un exemple. En ayant connaissance de toute la presse -que je lis beaucoup par ailleurs -, je parviens toujours au même constat : je ne pense pas que l'on puisse dire qu'il existe, aujourd'hui, une presse dite sérieuse et une presse dite non sérieuse. La différence se situe au niveau de la forme. Beaucoup de journaux ou magazines dits sérieux ne le sont pas plus que O.K. ou Podium, seulement ils en ont l'air. Là est toute la différence. Je préfère donc m'exprimer dans un journal pour jeunes, réputé pas sérieux. Je sais que les gens les considèrent ou les appréhendent comme tels, et donc cela ne prête pas à conséquence."

- La couverture du Nouvel Obs

"Il ne s'est jamais passé dans un journal de jeunes ce que je viens de vivre avec Le Nouvel Observateur. Me mettre en couverture, avec ce titre racoleur, et ne lire aucun article à l'intérieur du numéro me concernant ou justifiant au moins le titre à la une, c'est tout de même stupéfiant. Ils ont mis Goldman pour vendre du papier. C'est la seule raison. A la limite, on pourrait même dire qu'ils ont repris une méthode typiquement propre à la presse pour jeunes ; à l'époque glorieuse de Cloclo, où les unes étaient simplement des coups, avec aucune justification. Mais ce que je veux dire aussi, c'est que depuis que je fais ce métier, la presse pour les jeunes n'a jamais agi comme cela avec moi.

Comment peut-on considérer ces journaux ? On échafaude une politique rédactionnelle sur la confusion, et on berne le lecteur en lui faisant croire que tout cela est bien sérieux. Et je ne parle pas des journalistes qui écrivent dans ces journaux. La plupart n'y connaissent tien, n'ont aucune culture musicale, ne connaissent même pas trois chansons des Beatles. Bref, je préférerais ne pas m'exprimer. Je ne pense pas avoir beaucoup de choses passionnantes à dire en dehors de mes chansons.

Je ne m'étais pas assez méfié. Rocard dans un journal de gauche ? Je pensais que la décence était effectivement de le mettre en couverture. On aboutit à une situation tout à fait surréaliste. Le Nouvel Obs a choisi en couverture l'interviewer et non l'interviewé. Ce cynisme a grugé tout le monde, y compris Michel Rocard. Mon respect vis-à-vis de cette presse recule un peu plus chaque jour."

- La chaîne musicale

"Le combat est à l'heure actuelle au point mort. Seules les élections pourront débloquer la situation. Il n'y a malheureusement pas d'autres arguments que les arguments électoraux pour faire changer d'avis les gens au pouvoir."

- Les hommes politiques

"Mes rencontres ont confirmé dans l'ensemble, et jusqu'à la caricature, ce qu'on pense des hommes politiques. C'est très triste. A une ou deux exceptions près, ce sont vraiment des bêtes à sondage. On ne sent pas beaucoup la conviction qui guide leur action. On a l'impression que c'est vraiment une histoire de démagogie, mais à un point hallucinant.

Il existe des exceptions dans la classe politique. Certains valent beaucoup mieux que d'autres, mais le niveau général est très bas. Il y en a peu qui font œuvre politique par civisme et envie d'aider les gens. C'est ce qu'ont confirmé ces rencontres."

- Lieux communs (suite et fin)

"Pour moi, un lieu commun reste un lieu commun. Affirmer aujourd'hui sans réfléchir : "Le Pen, salaud", c'est manier d'une certaine façon l'exclusion, comme Le Pen. Un mec qui dira : "Le Pen, pas d'accord pour telles et telles raisons" aura pour moi une démarche nouvelle, en rupture avec le mode de pensée moyen. La manière dont j'entends les gens vilipender Le Pen n'est pas différente des slogans que l'on criait, du type "US go home" ou "Che Che Guevara". Quoi qu'il en soit, le lieu commun, qu'il soit d'hier, d'aujourd'hui ou de demain, sera toujours à combattre."


- 1968

"La génération des soixante-huitards était une génération qui avait -ou assimilait- l'intelligence des autres. Une intelligence que l'on disait incontestable. Il était hors de question qu'un étudiant, en 68, puisse être pro-Aron et anti-Sartre. De même qu'il lui aurait été impossible d'affirmer que les Américains devraient éventuellement rester au Cambodge ou encore qu'il serait plus que hasardeux que Khomeiny remplace le Shah. Personne ne pouvait penser cela, surtout pas moi. Pourtant nous avions tort."

- L'engagement des artistes

"Je souhaite désespérément que les artistes soient considérés comme les autres citoyens. Ni moins, ni plus. A l'exception du domaine des chansons, où ils sont plus compétents que les autres. Je suis un peu énervé par toutes ces tentatives pour leur faire dire des choses pour lesquelles ils ne sont pas compétents. La tentation médiatique est grande de nous transformer en bêtes à penser, en donneurs de leçon, voire en leaders d'opinion. Cela dit, souhaitant moi-même que l'on considère les chanteurs comme des citoyens normaux, ils ont aussi parfaitement le droit de s'engager. Pourquoi pas ?

La politique m'intéresse même beaucoup. Je vote, mais je ne me sens ni suffisamment convaincu, ni suffisamment crédible pour faire partager mes opinions. En plus, je ne pense pas du tout que ma réflexion soit supérieure à celle des gens qui achètent mes disques. Je considère qu'écrire des chansons ne me donne aucun droit vis-à-vis d'eux. Je pourrais aussi bien écouter leur avis que eux écouter le mien, alors..."

- Goldman privilégié ?

"Bien sûr. Je suis très conscient de cette chance. Je vis avec cette sensation tous les jours. En premier lieu, le privilège de la santé. Cela peut paraître ridicule, mais quand on côtoie des gens malades... Ensuite, le privilège de faire quelque chose qui me donne un vrai plaisir, et pour lequel j'ai le sentiment d'avoir été un peu fait. Sentiment d'autant plus fort qu'à ce niveau-là je n'évoluais pas dans un milieu favorisé puisque la musique était relativement absente de mon milieu familial. Enfin, le privilège de vivre en France en 1988. J'aurais pu naître il y a quatre ans au Liban, au Yémen, en Afghanistan, au Japon (sourire), pire, aux États Unis (rires) ! Lorsque quelqu'un comme Dalida se suicide, cela prouve que sa dépression n'était pas qu'une simple vue de l'esprit. Il y a effectivement des choses beaucoup plus importantes que les privilèges dont je parlais tout à l'heure. Le rapport aux autres, les relations avec soi-même sont aussi déterminantes qu'une bonne situation financière ou exercer un métier qui nous plaît. A la limite, ce métier-là pose plus de problèmes à ce niveau-là qu'il n'en résout."

- Goldman et le cinéma

"En général, les chanteurs qui sont aussi acteurs ne sont pas auteurs-compositeurs, mis à part Jonasz. Cela me fait marrer de tourner dans les clips, mais cela reste une activité essentiellement ludique. Lorsqu'on a touché à la chanson, c'est-à-dire à la scène, à ce contact avec le public, à l'enregistrement avec une petite équipe où on contrôle tout, le cinéma paraît être-un art à la fois lourd, dépendant et dérisoire, en ce qui concerne le rapport aux autres. D'ailleurs, tous les acteurs rêvent un jour de parvenir à ce type de contact que nous éprouvons sur scène. Je suis fasciné par les Mastroianni, Depardieu, Marielle, parce que je sais que je ne suis pas comme eux. Je n'ai pas cette force incroyable qui les habite, qui leur permet d'être totalement crédibles quand ils endossent d'autres personnages. Je pense pouvoir être capable de faire l'acteur comme d'autres chanteurs le font, mais cela ne me paraît pas passionnant."

- L'avenir

"Je continuerai à faire de la musique parce que j'en ai toujours fait. J'en ai besoin. Depuis 1980, j'ai fait beaucoup de choses qui me plaisaient. La scène par exemple m'a beaucoup intéressé. Je n'ai jamais rien fait contraint et forcé. Sauf de la promotion. Alors je ne ferai peut-être plus que ce qui me fait plaisir en mettant des coups de couteau dans ce qui me gonfle. Mais je continuerai à faire des disques et de la scène. Si, si !"

- Plus dure sera la chute !

"Je ne pense pas que Non homologué soit quatre fois meilleur que mon album précédent,ni dix fois meilleur que l'album de Chedid ou de Souchon par exemple. Et pourtant il a eu dix fois plus de succès. Parce qu'il s'est passé sur ce disque quelque chose que personne ne contrôle. Comme un phénomène de mode. Qui n'était même pas logique par rapport à la qualité de l'album. Je ne dis pas pour autant qu'il est mauvais ; il aurait dû bien marcher mais pas à ce point-là. Personne n'a compris ce qui s'est passé, même pas moi. Ce type d'événement n'arrive qu'une seule fois dans ta carrière et il faut le savoir. Maintenant, je vais poursuivre une carrière normale en fonction, de la qualité de mes albums. Mais ce moment de grâce et d'explosion ne se reproduira plus. C'était le premier point. Le second est que j'ai trente-six ans et que la chanson concerne avant tout les 10-16 ans. L'âge fait donc qu'à un moment on perd un peu le contact. J'ai une fille de onze ans et je ne me sens pas forcément sur la même longueur d'onde qu'elle, et ce dans de nombreux domaines. (... )

D'autre part, je n'ai jamais joui de la notoriété : être invité partout par des hommes politiques, etc. Quand tu n'es plus invité, tu en souffres probablement. Moi je n'ai été nulle part, je m'ennuie profondément dans ce genre d'endroit. Donc ne plus être convié ne me peinera pas du tout. Je n'ai jamais vécu cette ivresse. Ce qui m'a fait le plus mal, c'est de rencontrer des gens que j'estimais, que je croyais responsables et en face d'eux de me retrouver devant rien. C'est terrifiant. Ce furent de grandes déceptions mais  j'ai eu aussi de bonnes surprises. J'ai rencontré des gens très bien, qui ont des convictions au-delà de la réussite et de l'exhibition."

- Bilan 88

"Je terminerai par la phrase de Romain Gary qui dit à peu près ceci : "Je me suis bien amusé, merci". Autant j'étais super bien dans ma peau lorsqu'on me considérait comme un chanteur à minettes, autant les tentatives de respectabilité me terrifient. Je ressens toutes ces manœuvres de manière très forte. Lorsque je lis dans Paroles et musique des articles si négatifs sur Claude François ou Julien Clerc, je me sens super proche d'eux, très solidaire. Tout à coup, je me sens viscéralement de cette famille-là. (Silence.) Au bout du compte, il ne faut pas se leurrer. Il n'y a pas de tricherie. On apporte un peu de plaisir, celui de chansonnettes. Voilà tout. Et je trouve cela tout à fait digne. Je serais terrifié, j'aurais l'impression de trahir les gens si on devait leur faire croire que je leur apporte des idées ou une véritable pensée. Tu me diras, en ce qui me concerne, je ne devrais pas encore être trop inquiet. Mais méfiance... Je souhaite de tout cœur que personne n'ose dire un jour : "Goldman construit une œuvre". Surtout pas cela. Jamais."

Retour