Interview lors de la sortie 
de l'album "en passant" (MEDIASONG)


mediasonggoldman.jpg (23079 octets)

 


Jean-Jacques Goldman nous a reçu à l'occasion de son dernier album "En Passant". Voici donc le résultat de cet échange d'un génie de la musique.

MediaSong : Vous dites «les mots ne servent à rien», alors à quoi servent vos textes ?

Jean-Jacques Goldman : C'est une bonne question et je n'ai pas la réponse. Mais déjà, elles servent à une chose, c'est à me faire manger. Si en plus elles peuvent intéresser les gens ou les toucher, tant mieux.

M. : Vous parlez un peu plus de la mort et de la vieillesse, alors un petit coup de blues ?

J-J.G. : A mon avis, c'est parce que la vieillesse se rapproche et que la mort aussi. C'est un sujet qui m'intéresse plus qu'il y a quelques années. "Les guitares saturées disparaissent un peu"


M. : D'un point de vue musical, l'album commence très folk et blues, la guitare électroacoustique plus en avant, c'est un retour aux sources ?

J-J.G. : Non, c'était déjà très présent sur les albums précédents mais c'est toujours pareil, en vieillissant, les guitares saturées disparaissent un peu et c'est cet aspect qui reste.

M. : Par rapport à «Rouge», l'album est plus intime... Est-ce que le fait de n'être que deux sur l'album avec la participation de quelques amis n'enlève pas un peu l'oeil critique extérieur ?

J-J.G. : Non, Carole et Michaël n'étaient pas trop critiques non plus, en fait c'est ça la grosse différence, Carole et Michaël ne sont pas là. En général, j'étais toujours assez despotique la dessus, je me contentais un peu de mon oeil critique.

M. : C'est pas vous «Le Coureur» qui reçoit les caresses étranges de la foule et qui se demande si c'est un mal ou un bien ?

J-J.G. : Ah ouais ? On peut dire ça, on peut dire que je partage un peu cette condition avec ce Kenyan qui était dans son village et qui se retrouve sur un podium devant trois milliards de spectateurs. "J'ai voulu faire une comédie musicale"

M. : Dans vos projets, vous avez une comédie musicale, on peut en savoir un peu plus ?

J-J.G. : J'ai voulu faire une comédie musicale à la place de cet album, et j'ai échoué, j'ai abandonné le projet. Je pense que c'est pas possible, en tous cas pour moi c'est pas possible de marier comédie musicale, c'est-à-dire de raconter une histoire en chanson. Je crois qu'il y a un rapport aux mots qui est assez intéressant d'ailleurs pour les Français, une importance du mot qui fait que quand y a des notes derrière c'est moins sérieux. Les mots sont tellement importants pour les Français... Même «je t'aime» en chantant ça n'a pas le même sens que sans musique. Je n'ai pas trouvé la façon de raconter une histoire et de toucher les gens avec un cheminement musical.

M. : Vous avez plutôt tendance à éviter le pont de l'Alma ou les paparazzi ?

J-J.G. : Je serais plutôt du genre à éviter Dodi.

M. : Je vais vous demander de choisir entre ces trois mots : - Assez - Encore - Toujours

J-J.G. : Encore.

M. : Au lycée vous étiez plutôt du genre à penser :

- Je viens mais juste parce qu'il faut venir
- Je viens pour voir ce qui se passe
- Je viens parce que j'ai envie de venir
- Je ne viens pas

J-J.G. : Y' a pas le cas, c'était plutôt je viens juste parce qu'il faut venir mais je savais que c'était utile d'y aller, je savais pourquoi je venais.

M. : Quelle est la chanson que vous préférez dans l'album ?

J-J.G. : «Quand Tu Danses».

M. : Et en deuxième ? J-J.G. : Je sais pas et vous ?

Julien : Moi j'aime bien «Bonne Idée» et «Tout Etait Dit».

J-J.G. : Ben c'est dommage que j'ai pas répondu, j'aurais dit ces deux là.

M. : Et dans les chanteurs qu'on appelle les nouveaux talents, y' en a certains qui vous intéressent au niveau du style musical ?

J-J.G. : J'ai l'impression que tout ce qui est nouveau (1997 est une année importante pour la musique) c'est tout ce qui est rap, techno, et là, franchement, c'est un monde qui change. C'est fou parce qu'il y a cinq ans c'était encore Lenny Kravitz, des gens comme çà qui étaient en référence dans Rock & Roll et là y a émergence d'une nouvelle musique. Pour la première fois le Rock & Roll est dépassé, c'est fou, y a une musique qui va remplacer le Rock, ce qu'on aurait jamais pensé il y a deux-trois ans. Moi je crois qu'y a des musiciens qui sont en train de naître et qui seront les futurs musiciens de demain et ils n'auront aucune référence avec le Rock & Roll, c'est-à-dire qui auront commencé avec Prodigy, Daft Punk... ça c'est fou, j'aurais jamais cru ça.

Propos recueillis par J.J. et B.M.

Retour