(retranscription : Myriam Robert)
On connaissait déjà l’obsession »packaging » de m’sieur Goldman. Avec « Chansons pour les pieds », JJ enfonce le clou métal. Métal laqué blanc, s’il vous plaît, pour douze chansons en forme d’hommage à cette musique de proximité qui nous fait "nous lever, nous parler, nous frôler" : "Ce n’est pas la première fois que je sors un album en boîtier métal", commente Goldman. "En fait, je voue une véritable haine aux boîtiers plastiques. Je les trouve épouvantables par rapport aux vinyles cultes de mon enfance. A chaque album, j’essaie de faire en sorte que l’album-objet soit un bel objet. C’est dans cette perspective que j’ai confié le graphisme du livret à Zep que je ne connaissais pas en tant que dessinateur de BD mais dont les croquis me touchaient. Il a réalisé tout le graphisme de l’album dans cette perspective de petits dessins, d’ébauches, avec ce quelque chose d’intime, de personnel qu’ont les croquis". Album-objet, bel objet, objet lourd. Impossible à casser. Même si l’on y va avec le pied : "Intituler cet album Chansons pour les pieds ne procédait pas uniquement du clin d’œil. C’était aussi une manière de rendre hommage à tous ces musiciens qui entrent dans une pièce et qui tout d’un coup transfigurent l’atmosphère. Que ce soit dans un bistrot au Sénégal ou dans un pub irlandais, le musicien a ce pouvoir-là : de révéler le lien qui existe entre les gens. Les musiciens de bal m’impressionnent : ils sont capables de faire se lever les gens, de les faire se parler, se regarder, chanter, danser. C’était l’unique ambition de ces chansons. Juste des chansons pour les pieds". Douze chansons pour les pieds en zouk, en gigue, en slow et en disco dont quelques-unes pour le cœur en pop, en swing, en rythm’n’blues et en tarentelle et une inaugurale, pour des chœurs : "Ensemble est une chanson qui est née d’un vrai coup de cœur. C’est un canon choral dont l’idée m’est venue cet été à Alès lors d’un festival. Lorsque j’étais scout j’adorais le canon, la magie du croisement des voix. C’était un style qui me transcendait. Enregistrer Ensemble avec des centaines de choristes a été un véritable plaisir pour moi". Une de ces aventures collectives que Goldman affectionne tant : « J’aime me mettre au service des chansons. Et les chansons sont souvent des aventures collectives. Des aventures humaines. Se mettre au service d’une chanson cela signifie par exemple aller enregistrer les Chœurs de l’Armée Rouge chez eux plutôt que lors de l’un de leurs passages à Paris. Parce que ce n’est pas le même voyage. Aujourd’hui, je n’éprouve plus la nécessité de sortir des albums. Ni contractuellement, ni personnellement. J’ai le privilège d’avoir le temps de suivre mes envies et mes inspirations et j’en profite ». Un an pour finaliser en solo ses maquettes une fois les idées de base en tête et neuf mois pour finaliser le tout avec le fidèle complice Erick Benzi "entre deux ballades en moto et trois matchs de tennis" : libéré des studios et émancipé des chapelles. "Pour moi il n’y a pas de genres musicaux, il n’y a que la musique et je revendique l’unité dans la diversité de mes albums". Goldman est un homme heureux. En avril 2002, celui à qui quelques maisons de disques avaient fermé leurs portes sous prétexte qu’il ressemblait trop à Balavoine, s’en repartira en tournée. Une tournée qui passera forcément par Marseille : "Cela faisait déjà deux ou trois ans que je désirais quitter Paris. Je pensais partir m’établir dans le sud-ouest et puis j’ai rencontré celle qui allait devenir mon épouse. Elle était Marseillaise… Depuis, j’ai appris à connaître Marseille. C’est une ville très attachante avec des gens très respectueux". |