Concert live CHERIE FM
(septembre 1999)

Emission présentée par JM Morandini


(retranscription :
Martin)

 


Jean-Marc Morandini : Bonsoir Jean-Jacques !

JJG : Bonsoir.

JMM : Alors tout de suite, on commence en musique ! Jean-Jacques est à la guitare ! C’est un concert privé, je choisis donc la première chanson. On pourrait commencer peut-être avec "Filles Faciles". Jean-Jacques Goldman!

JJG : J’ai mis mes lunettes ! Et j’ai amené mes textes parce que j’me souviens jamais des textes ! Donc...

JMM : ...Donc Jean-Jacques pioche dans ses textes ! Ah c’est du live, hein ! C’est clair, on vous a dit c’est un concert live, c’est une interview live !

JJG : Et vous vous rappelez sur quel album c’était ? Ah oui, Gris Clair et Gris Foncé !

JMM : Heu, c’est quelle page ! (amusé)

JJG : Donc "Filles Faciles", parce que en général les gens connaissent les textes mieux que moi, alors j’ai l’air vraiment bête !

JMM : Donc Jean-Jacques Goldman pour vous ce soir, sur Chérie FM live, avec sa guitare, ses textes...

["Filles Faciles"]

(Applaudissements)

JMM : Une question qu’on a due vous poser mille cinq cent fois ! Sinon plus ! Où est-ce que vous trouvez l’inspiration pour tous vos textes, pour vos chansons ? Parce que vous écrivez beaucoup quand même, vous êtes très productif !

JJG : Pas tant que ça, pas tant que ça.

JMM : Entre ce que vous écrivez pour vous plus pour les autres...

JJG : Oui, mais comme j’fais un album tous les quatre ans, donc, ça doit faire moins d’une chanson par mois. J’avais calculé... C’est pas vraiment des cadences infernales !

JMM : Et vous dites que vous avez toujours des idées ?

JJG : Non, non j’en ai pas toujours ! Ca vient... Justement, là par exemple j’ai fait un an et demi de tournée, j’ai eu zéro idée. Parce que la tournée n’est pas propice à ça. Donc il faut s’arrêter, faut lire, faut regarder un peu autour de soi... Faut écouter de la musique, faut regarder la télé, faut lire le journal... Et là ça revient. Parfois...

JMM : Alors là tout de suite je vous propose un flash back, Jean-Jacques ! Le stade de France où vous montiez sur scène, Jean-Jacques, au côté de Céline Dion.

[Entrée de JJG au Stade de France, en préambule de "S’il suffisait d’aimer"]

JMM : Pour qui vous aimeriez écrire par exemple, et ça n’a pas été fait aujourd’hui ?

JJG : Bah là, j’ai, j’ai pas de, d’envie particulière... J’avais vraiment une envie particulière pour Céline, et là j’ai demandé.

JMM : Ah, c’est vous qui avez demandé ?

JJG : Oui, pour Céline c’est moi qui ait demandé.

JMM : Qu’est ce que vous pensez de son succès qui est...planétaire ? Est-ce que quelque part c’est quelque chose qui vous fait envie ? Vous l’enviez ou vous vous dites "oh la la, la pauvre, quelle pression elle a sur la tête !".

JJG : Moi, je l’envie elle, parce qu’elle a toujours souhaité ça et puis elle y arrive... Enfin c’est pas que je l’envie ; j’suis vraiment content pour elle ! Moi, j’ai jamais vraiment rêvé à ça.

JMM : Parce qu’on a l’impression que vous êtes un peu à l’opposé d’ça, quoi ! Vous auriez pu arriver ici avec une Limousine et six gardes du corps... ! Vous arrivez toujours simplement, donc on se dit presque que si vous aviez ce succès planétaire, ce serait presque un handicap pour vous ! De ne plus pouvoir sortir dans la rue, plus pouvoir vous balader...

JJG : Oui ; déjà moi je trouve qu’il y a un énorme problème, c’est le fait d’être obligé de faire des stades, par exemple ! Elle est condamnée aux stades, puisque sinon elle fait des tournées qui durent dix ans ! Puisqu’elle va jouer à Melbourne, elle va jouer à Vienne, elle va jouer à Milan ! Soit elle fait que des petites salles mais laissent 200 000 personnes par ville... Ca, ça, c’est un problème...

JMM : Oui, vous étiez au Stade de France ! Vous êtes monté sur scène avec elle ; et vous avez ressenti en montant comme ça au Stade de France ?

JJG : Bah, c’est juste un mauvais moment à passer, quoi !

JMM : Et ensuite je vous ai vu, vous êtes allé dans le public, et vous avez regardé ça vraiment en spectateur ?

JJG : ouais.

JMM : Et vous aviez quel regard ? Un regard de spectateur, de professionnel, sur sa prestation ? D’ami ? C’était quoi ?

JJG : Bah, de spectateur qui la connaît ! Mais je regardais, j’écoutais... J’ai écouté les arrangements, parce que moi, je découvrais un peu ce spectacle aussi. D’abord un spectateur ! Moi j’adore aller au concert, je vais voir tous les concerts... Donc celui là en particulier.


JMM : Je vous propose de continuer en musique, Jean-Jacques a repris sa guitare en main, et c’est "Tout était dit" ce soir en live !

["Tout était dit"]

(Applaudissements)

JMM : Jean-Jacques, on parlait des années 80, on parlait de cette époque... Est ce que vous pensez que votre public vieillit avec vous, que c’est un public fidèle qui vous suit ? Par rapport à la perception que vous avez dans les concerts ?

JJG : On a une perception un peu fausse dans les concerts parce que, on est en face des gens qui sont debout. Et incontestablement les gens qui sont debout sont plutôt jeunes ! Donc il semble qu’il y ait encore des jeunes, mais je pense que l’essentiel ce sont des gens du début qui sont restés fidèles. Et qui vont s’asseoir !

JMM : Mais est-ce que vous pensez...

JJG : Mais je ne peux pas leur en vouloir, parce que moi aussi je m’assieds aussi sur scène !

JMM : Donc il faut mettre plus de sièges dans les salles de vos concerts !

JJG (sérieux) :   Non, mais c’est ce qu’on fait!

JMM (rigolard) : C’est vrai ?

JJG : Très sincèrement, c’est ce qu’on fait. Je ne fait plus des salles... Y a une époque où on faisait des espèces de halles, où y avait 10 000 places debout... Maintenant c’est impensable !

JMM : Pourquoi vous pensez que vous êtes moins en phase, alors j’ai envie de dire, avec ce jeune public ? C’est que moi, je me souviens quand j’avais quinze-seize ans, on me demandait : "Tes chansons, c’est quoi ?", et moi c’était "plutôt Goldman". Et aujourd’hui les jeunes, c’est plutôt du rap, de la dance...

C’est un problème de quoi, de rythme musical simplement, un problème de textes ?

JJG : Je crois que c’est un problème de génération. Les p’tits frères ou les petites sœurs ne mettent pas les mêmes posters que le grand frère ou le grand frère dans leur chambre... Ou alors il faut qu’on meurt (rires), et donc là il peut y avoir des posters de Marylin Monroe, de Jimmy Hendrix qui reviennent un peu...

JMM : Et vous en pensez quoi vous du rap ? de la techno ? Vous écoutez ça des fois ?

JJG : Franchement j’écoute un peu contraint et forcé à la radio ! (rires). Franchement le rap... On m’a dit que c’est le retour de la chanson à texte...

JMM : Pour ce qui écoutent derrière leur poste, il faut dire que Jean-Jacques sourit à ce moment là ! (rires). Vous ne trouvez pas qu’il y a quand même un peu plus de textes que dans une chanson de Boys Band, quoi, dans une chanson d’rap à priori ? Un peu plus ?

JJG : ...Malheureusement, il y en a plus, oui (!). (rires)

JMM : Bon, alors éloignons nous peut-être un peu du rap, pour celui qui était en concert live Chérie FM, avant vous, Jean-Jacques, c’était Francis Cabrel.

["Le reste du temps"]

JMM : Une question dans le public, mademoiselle peut-être ?

Marianne : Oui, bonsoir Jean-Jacques, moi je voudrais savoir pourquoi la chanson "En passant" a été supprimée au long de la tournée ? Parce que c’est quand même le titre de l’album, c’est encore le titre du live, c’est un leitmotiv, quoi, sur cette tournée !

JJG : Et c’est le nom de la tournée.

Marianne : En plus, ouais. Et moi, je n’avais que cette chanson-là dans la tête quand je suis sortie !

JMM : C’est tout ! (rires)

Marianne : Non, mais elle était placée à un endroit qui faisait que c’était un apaisement d’un coup, quoi !

JJG : Bah, cette chanson ; on l’a jouée une vingtaine de fois et on a jamais trouvé sa place dans le concert. On a fait 5-6 concerts à la Réunion, ensuite on a commencé par l’ouest. On la jouait, et à chaque fois, on la changeait de place ! Je l’ai mise en début de première partie, au milieu...en fin fin...

Et à chaque fois elle posait un problème. C’est une chanson un peu spéciale. Et on a pas trouvé sa place. Elle posait un problème dans l’équilibre... Je peux pas vous expliquer pourquoi, mais un concert, ça a un équilibre très fragile dans l’enchaînement des chansons. Et celle-ci tuait un peu les chansons qui venaient parés... Donc finalement ; j’ai décidé de l’enlever.

JMM : Alors vous aimeriez écoutez quoi comme chanson ?

Marianne : Moi, ce serait pour faire plaisir à ma maman qui est derrière ! Elle adore "Lisa" !

JJG : Oh "Lisa", je l’ai pas ! Oh le piège ! (rires)

Marianne : C’est DO comme accord au début ! (rires)

JJG : Bon, bah, je fais Nanana, alors ! (rires)

Marianne : Oh non ! Avec les paroles !

JJG : Bah, je les ai pas, je me souviens pas...

Marianne : Vous voulez que je vous les souffle ? (rires)

JJG : C’est quoi la première phrase ?

Marianne : "Verts et bruns à la fois"

(JJ commence mais il ne se rappelle plus... Marianne l’aide un peu)

JMM : Bon une autre alors !

Marianne : Bah, "Le Coureur" alors, pour la rythmique.

JJG : Ah, celle là je la connais !

JJG : "Je courrais sur le sable, abrité des alizés..." ; ah non c’est sur "la plage" (rires) ! Je reviens de vacances, c’est pour ça !

["Le Coureur"]

(Applaudissements)

(Publicités)

JMM : Retour avec Jean-Jacques Goldman, "Ton autre Chemin" extrait de "Positif".

["Ton autre Chemin"]

(Applaudissements)

JMM : Un petit "Pas toi" en rap ?

["Pas toi" en rap]

(Applaudissements)

JMM : J’ai lu dans un interview que vous n’arriviez jamais à dire "je t’aime", c’est vrai ?

JJG : J’ai du mal !

JMM : C’est vrai que l’amour, c’est quand même très important dans votre répertoire, dans ce que vous écrivez.

JJG : Mais il y en a tellement qui le disent qui le vivent pas ! Il peut y en avoir qui le vivent et qui ne le disent pas !


["Le paradis Blanc" par V. Sanson]

JMM : Je parlais de votre dernier album live, on peut avoir une petite version acoustique de "Nos mains" ?

JJG : Mouais.

["Nos Mains"]

(Applaudissements)

JMM : Je voudrais des réactions sur deux "on dit".

JJG : Ouais.

JMM : On dit qu’il y a un style Goldman, alors c’est quoi pour vous le style Goldman ?

JJG : Le style Goldman ? C’est les gens qui sont sympas, y disent ouais y a un style Goldman (rires) ! Et ceux qui sont pas sympas, y disent : "ouais il fait toujours la même chose" ! (rires).

JMM : C’est quoi d’après vous le style Goldman ?

JJG : Bah, tout le monde a des tics musicaux... Je sais d’où ça vient. J’ai beaucoup écouté de musique anglo-saxonne des années 70. Et puis après, j’ai essayé de mettre des mots français dessus.

JMM : On dit aussi que vous êtes un garçon gentil ?

JJG : Ouais ouais, c’est vrai, je suis plutôt gentil ! (rires).

JMM : Et ça peut survivre dans l’univers du show bizz ?

JJG : Bah, il faut savoir être méchant ! Ce que je suis capable d’être aussi. A priori je suis gentil, mais assez teigneux si on le souhaite. Je suis disponible...

JMM : Bon, une dernière chanson en entier ? Celle que vous voulez, comme ça vous allez pas me dire que vous n’avez pas les textes ! (rires)

JJG : "Comme toi" ?

JMM : Ah oui, très bien !

JJG : Le problème, c’est que c’est très haut ! C’était une époque où je n’avais pas encore mué ! (rires)

["Comme toi"]


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